Mariage pour tous : le processus législatif toujours en cours en Tchéquie

Photo illustrative: Nick Karvounis / Unsplash

La République tchèque sera-t-elle le premier des anciens pays communistes à permettre aux couples homosexuels de se marier ? Après la Slovénie, qui avait fait un pas dans ce sens avant de renoncer, c’est en effet à Prague qu’une loi sur le mariage pour tous – soutenue par le gouvernement - semble avoir le plus de chances d’être votée. Mais rien n’est encore joué et les adversaires reçoivent du soutien de l’étranger, notamment de France et de la Manif pour tous.

Photo: Nick Karvounis,  Unsplash,  CC0 1.0 DEED
« Je pense que les couples de même sexe devraient pouvoir avoir les mêmes droits que ceux accordés par le mariage », a indiqué la semaine dernière le Premier ministre tchèque Andrej Babiš à la télévision, tout en précisant que le sujet divisait jusque dans son propre parti ANO et au sein même de son groupe parlementaire.

C’est une députée des rangs de ANO qui a initié la proposition de loi devant instaurer le mariage pour tous et faire de la Tchéquie le 17è pays européen à légiférer dans ce sens.

Cette loi est déjà passée en première lecture à la Chambre basse du Parlement ; le passage en deuxième lecture est - normalement - pour très bientôt, espère Daniel Vondra de l’association Jsmefer qui milite pour le mariage pour tous :

« Il y a cette semaine une session parlementaire mais nous ne sommes pas sûrs que la proposition de loi sur le mariage pour tous puisse être à l’ordre du jour ; il est plus vraisemblable qu’elle fasse l’objet d’un nouveau débat la semaine prochaine, entre le 23 et le 26 avril, mais on ne peut pas le dire avec certitude. »

« Pourquoi nous avons besoin d’une définition du mariage dans la constitution » : tel était le thème d’un séminaire organisé au début du mois à la Chambre des députés par les adversaires du mariage pour tous, qui espèrent faire inscrire dans la loi fondamentale du pays le mariage en tant qu’union entre un homme et une femme uniquement.

Ce séminaire était organisé sous le patronage du député du parti conservateur ODS (Parti civique démocrate), Marek Benda, qui figure parmi la quarantaine de législateurs à avoir signé un texte dans ce sens :

Marek Benda,  photo: Filip Jandourek,  ČRO
« Il faut une inscription dans la constitution car sinon le danger qui nous menace est similaire à ce qui s’est passé aux Etats-Unis ou en Autriche, à savoir une décision prise par un juge venant modifier la définition du mariage en tant qu’union entre un homme et une femme. Le mariage est une union que l’on connaît depuis 2000 ans et qui a toujours été entre un homme et une femme. »

Parmi les invités étrangers à ce séminaire pragois, il y avait une figure bien connue de la lutte contre le mariage homosexuel en France, où il a été adopté en 2013 - Ludovine de la Rochère, présidente de La Manif pour tous, n’a pas jeté l’éponge pour autant:

« Je pense qu’il faut vraiment protéger le mariage entre un homme et une femme parce que, comme le montre la France, dans de nombreux pays occidentaux on légalise le mariage entre personnes de même sexe, ce qui a pour conséquence d’ouvrir ensuite à la PMA ou à la GPA… L’expérience des autres pays est extrêmement importante dans le cadre d’un débat et d’une réflexion. »

Une chose est cependant certaine : une réforme constitutionnelle en la matière n’a aucune chance de passer à Prague car il faudrait une majorité qualifiée dont les adversaires du mariage pour tous sont très loin de disposer.

Pour ce qui est de la légalisation de ce mariage pour tous, les semaines à venir s’annoncent cruciales, mais ses partisans se veulent optimistes. La configuration politique du moment semble en effet optimale et l’opinion publique y serait favorable, avec près de deux tiers des Tchèques pour le mariage pour tous si on en croit les derniers sondages sérieux sur le sujet.