Martin Šmíd ou le mensonge révolutionnaire

Photo: Radek Bajgar

Martin Šmíd : un nom qui restera comme l’un des plus importants dans l’histoire moderne du pays. Martin Šmíd, c’est le nom de cet étudiant prétendu mort après avoir été tabassé par la police le 17 novembre 1989, pendant ce que les Tchèques ont coutume d’appeler le « massacre » de Národní třída.

La nouvelle du décès de Martin Šmíd avait rapidement été relayée par les médias étrangers, alertés par le dissident Petr Uhl. Seulement voilà : Martin Šmíd n’était pas mort, d’ailleurs il n’a jamais existé, et c’est une certaine Drahomíra Dražská qui avait inventé cette tragédie. Après des années de silence, elle l’a confirmé mardi à la télévision publique. Nous avons joint Petr Uhl, qui avait été arrêté par la police communiste pour avoir diffusé ce mensonge :

« Au moment où j’ai été arrêté, le 19 novembre, pour avoir diffusé cette fausse information, j’ai été mis en prison et le lendemain ma femme a demandé à Mme Dražská de lui montrer la maison et de la faire entrer là où le prétendu Martin vivait. Au bout de vingt minutes de discussion et de polémique, Mme Dražská a avoué qu’elle avait menti. »

Ludvik Zifčák en 1989
Il y a encore cette semaine une polémique autour d’un potentiel lien entre Drahomíra Dražská et la StB. Vous y croyez ?

« Aujourd’hui elle le nie. Il y a 20 ans, après ma libération, elle disait la même chose. M. Zifčák, un agent de la police secrète infiltré dans le mouvement étudiant, dit sans précisions que ses collaborateurs avaient des contacts avec elle, mais je pense que c’est faux. »

Drahomíra Dražská dit aujourd’hui ne pas regretter parce qu’elle pense que c’est ce mensonge qui a provoqué la suite des événements. Qu’en pensez-vous ?

Même si la révolution aurait pu éclater quelques jours ou quelques semaines plus tard ou même avec le risque qu’elle aurait pu avoir un autre déroulement. Je le regrette tout simplement, parce que de telles choses ne se font pas. Je ne l’ai jamais vue d’ailleurs Mme Dražská, c’était toujours indirectement que j’ai reçu son témoignage, par des cassettes ou des personnes qui lui avaient parlé. »