« Nous sommes très sensibles à la musique de l’Europe de l’Est ! »

Paris Combo, photo: Site officiel du groupe

Eclectique, rétro, branché, le groupe Paris Combo jouait pour la troisième fois devant un public tchèque vendredi dernier à Prague. C’était dans la salle de l’Akropolis et dans le cadre du festival Mladí Ladí Jazz. Une chanteuse au style des années 30 et quatre musiciens aux influences jazz, swing et tzigane font l’identité de ce « combo » d’artistes que Radio Prague a rencontré. Un style musical singulier, difficile à définir, et ce même pour la chanteuse du groupe, Belle Du Berry.

Paris Combo,  photo: Site officiel du groupe
« C’est quand même une musique faite de différentes influences. Il y a un élément central qui est vraiment le swing tel qu’on le pratiquait dans les années 1930, lié au jeu typiquement de guitare swing avec parfois de la batterie. Il y a un véritable amour partagé au sein du groupe pour le swing et cette musique très dansante. A côté de cela, on mélange plein d’influences avec des choses assez modernes mais c’est vrai que cette couleur-là donne ce côté retro. D’autant plus que le son de ma voix ne tient pas trop du hard rock, c’est vrai ! Donc entre la guitare et la voix, il y a cette connotation années 1930-1940 mais sinon c’est mélangé avec pas mal d’influences assez modernes. »

Quels sont les artistes qui vous inspirent ?

« Il y a pas mal de chanteuses françaises des années 1920/1930. C’était justement ce mélange entre la chanson, la littérature et la musique pop de l’époque (qui était le swing). C’est cette exubérance qui m’a vraiment séduite. Il y a plein d’artistes qui m’influencent. Billie Holiday, beaucoup, même si cela ne s’entend pas du tout, Nina Simone aussi. Je dois dire que le jazz, je ne connais pas très bien mis à part certaines chanteuses de blues. Les autres membres du groupe vont amener leur influence à eux donc cela fait beaucoup d’influences à nous quatre. »

Vous avez déjà joué plusieurs fois en Tchéquie. Qu’est-ce que vous pensez du pays ? Qu’est-ce que vous pensez du public tchèque ?

Paris Combo,  photo: Site officiel du groupe
« Le public tchèque est super sympa ! C’est la troisième fois que nous jouons à l’Akropolis. La première fois, je crois que c’était en 1999. La deuxième fois c’était il y a 3-4 ans ici aussi. Et là, nous sommes allés jouer à Brno. C’était très sympa, dans un magnifique théâtre à l’italienne. Le public est très chaleureux, très festif. Non vraiment, il y avait une très bonne ambiance. »

Est-ce que c’est différent de jouer devant un public non francophone qui ne vous connait pas aussi bien que le public français ?

« Oui et non. En France, on a une approche du texte. Dans Paris Combo, les textes sont quand même pour les fans, pour les gens qui apprécient vraiment. Il y a du second degré, donc les gens viennent vraiment chanter les morceaux et il y a une véritable appréciation de la dimension textuelle. On retrouve moins cela à l’étranger et encore…Il y a beaucoup de journalistes qui se préoccupent des textes donc on en parle beaucoup en interview. Nous n’avons pas l’impression de faire de la musique, ni de la chanson française. A l’étranger, les influences dont on parlait résonnent de la même façon, notamment le swing qui est une musique en France qui a eu son importance. Il y a eu de très grands instrumentalistes comme Django Reinhardt. Quand on a commencé Paris Combo, on a vu que les américains connaissaient mieux Django que les français. Cela a changé depuis mais pour le public cela a vraiment une sonorité très française, les attitudes, musicalement. Je crois aussi que l’on surprend. Je pense que les gens s’attendent à quelque chose de « très chanson » et finalement ça bouge beaucoup, ça rigole pas mal. Il y a quand même un côté un peu décapant qui embarque à chaque fois les gens. »

Vous préparez un nouvel album, c’est le sixième, pourquoi ce style musical qui fait votre identité survit-il aux modes ?

Paris Combo,  photo: Site officiel du groupe
« Je pense que nous sommes au-delà des modes. Lorsque l’on a commencé, ce n’était pas encore la mode après, ça l’est devenu. On était au début de cet engouement, nous même. On faisait partie des gens pour qui cette musique avait une réelle importance et en France le swing manouche a vraiment décollé par la suite. A notre mesure, je pense que nous avons aidé à faire connaitre cette musique au grand public. Ce qui est assez amusant, c’est que nous avons fait une pause au moment où c’était vraiment très à la mode. Nous n’avons pas sorti de disques à ce moment-là donc on en a pas vraiment bénéficié. Le problème d’être à la mode, c’est qu’à un moment donné, on ne l’est plus. On a commencé en étant vraiment pas branché. C’est juste la musique que nous aimons faire. On a grandi avec cette musique, fait vingt ans qu’on la pratique. Les musiciens de Paris Combo font d’autre musique à coté mais entre nous c’est une créature Paris Combo, à laquelle on a donné naissance à quatre ou cinq et c’est un vrai plaisir. »

Connaissez-vous des artistes tchèques, d’Europe de l’Est, d’Europe Centrale, qui pourraient vous inspirer ?

« Des artistes tchèques pas vraiment malheureusement. Moi, c’est plutôt la Roumanie. Maria Tănase que j’adore. Et puis sinon, plus récemment Goran Bregović, Emir Kusturica. Ce sont des musiques qui me plaisent. On aime beaucoup les musiques tziganes, les musiques folkloriques de tous les pays. On aime vraiment bien, on est très sensibles à l’Est de l’Europe ! »