Paco Decina, un chorégraphe qui cherche les résonances avec ses danseurs

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Salto nel vuoto (Le Saut dans le vide) - c'est ainsi que s'appelle le spectacle dont la première aura lieu le mercredi 7 septembre au Théâtre de la Comédie (Divadlo komedie) à Prague. Le spectacle a été monté avec des danseurs tchèques par le chorégraphe italien établi en France, Paco Decina. L'objectif de cette initiative réalisée dans le cadre du projet DanseLab A3 et soutenu par le programme de l'Union européenne Culture 2000, est de donner de nouvelles impulsions et de meilleures conditions de travail à la jeune danse tchèque. Le chorégraphe Paco Decina a répondu à quelques questions de Vaclav Richter.

"Parce que justement lorsque j'ai rencontré les danseurs avec lesquels j'allais faire ce spectacle, j'ai compris que le travail que je leur proposais était quelque chose d'assez nouveau. Pas tellement dans la forme, mais dans le processus. C'était quelque chose d'assez nouveau pour les danseurs d'ici et je les mettais donc face à un saut dans le vide, face à quelque chose qu'ils ne connaissaient pas. Ils devaient donc tout lâcher pour s'investir dedans. J'ai eu l'impression qu'au début ils étaient perdus, parce qu'ils étaient obligés de quitter un peu leurs repères, leur références. C'était véritablement un saut dans le vide."

Avec quels danseurs collaborez-vous pour faire ce spectacle? Est-ce que c'était une troupe qui existait déjà ou c'est un ensemble que vous avez créé vous-même?

"Un ensemble que j'ai créé moi-même, c'est peut-être un grand mot. Lorsqu'on nous a donné la possibilité de faire ce projet, nous avons invité des danseurs pour faire une audition. Plusieurs danseurs sont venus. L'audition a duré trois jours et on a choisi les six danseurs de ce spectacle."

Est-ce que les danseurs que vous avez trouvés ici sont sensibles à votre conception de la danse, à votre style?

Je pense que c'est plus une question d'habitude qu'une question de sensibilité. Déjà au départ, il y a ou il n'y pas l'envie d'aller quelque part, mais pour avoir une envie il faut savoir déjà de quoi il s'agit et connaître un peu la situation. Donc la façon dont je travaille est très simple, c'est une question de rencontre. Je commence par dépouiller les danseurs de leur sécurité. C'est une question de résistance. Chacun a un différent taux de résistance. Déjà il faut avoir l'envie d'entrer dans une discussion. C'est donc une question de résistance et cela s'apprend longtemps. Il y aussi la question des résonances. Avec certaines personnes on résonne sur la même longueur d'ondes, avec d'autres ce n'est pas si facile, donc cela prend plus de temps."

Si je comprend bien vous vous êtes heurté à des habitudes des danseurs, peut-être à leur formation antérieure...

"Oui, mais je n'aime pas trop le mot heurter. Ce n'est pas parce que le mot n'est pas juste. Il est juste d'un autre point de vue. Il n'y a rien qui se heurte contre moi. Moi je propose un espace et la chose peut se heurter contre elle-même, peut-être, mais pas contre moi. Ce n'est pas évidement une question de formation des danseurs, c'est une question d'habitudes créées par l'enseignement de la danse, par la culture, par la famille, par la société, par les autres..."