Peu d’espoir pour les deux Tchèques condamnés en Turquie

Markéta Všelichová et Miroslav Farkas, photo: Sirnak Police, Mete Sohtaoğlu

La Cour suprême turque vient de confirmer la peine de six ans et trois mois de prison ferme pour deux ressortissants tchèques, accusés de collaboration avec les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), une organisation considérée comme terroriste par Ankara. Si le jeune couple tchèque, qui rejette toute accusation, ne peut plus faire appel de ce jugement en Turquie, il pourrait encore porter plainte auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Markéta Všelichová et Miroslav Farkas,  photo: Sirnak Police,  Mete Sohtaoğlu
« Il n’existe ici aucun hôpital de campagne où les gens pourraient être soignés si un village était libéré », a expliqué Miroslav Farkas devant la caméra de la Télévision tchèque. Le jeune homme et son amie, Markéta Všelichová, affirment être des travailleurs humanitaires qui se rendaient en Irak pour participer justement à la mise sur pied d'un hôpital de fortune.

En novembre 2016, ils ont été arrêtés dans la province de Sirnak, une région proche de l’Irak et de la Syrie et une zone de combats entre l’armée turque et les indépendantistes kurdes. D’après la justice turque, différents documents compromettants trouvés sur les deux Tchèques au moment de leur arrestation, ainsi que des photos qu’ils ont publiées sur les réseaux sociaux, prouveraient leur appartenance aux milices kurdes de l’YPG.

Depuis vingt mois, Markéta Všelichová et Miroslav Farkas sont emprisonnés dans la ville de Van, au sud-est de la Turquie. Selon les informations dont dispose le ministère tchèque des Affaires étrangères, leur état de santé est bon et leurs proches sont en contact avec la consule tchèque en Turquie. Les deux Tchèques risquaient une peine de 7,5 à 15 ans de prison ; les tribunaux turcs les ont finalement condamnés à un peu plus de six ans d’emprisonnement.

Pour le journaliste du site Info.cz Pavel Novotný, le verdict final de la cour suprême porte à croire que les Tchèques devront bel et bien purger au moins la moitié de leur peine en Turquie. Un verdict qui, selon le journaliste, sert aussi d’avertissement pour les autres étrangers qui sympathisent avec les milices kurdes. Pavel Novotný :

Des milices kurdes de l'YPG,  photo: Voice of America / Public Domain
« J’ai l’impression que la justice turque, qui vient de confirmer la peine de six ans pour les deux accusés, ne veut plus s’occuper de cette affaire. Il faut se rendre compte que les autorités turques alimentent une ambiance de peur dans la société. Les prisons sont pleines d’opposants au régime du président Erdogan, de Kurdes mais aussi d’hommes politiques de tous bords. Dans ce contexte, il me semble très improbable que précisément ces deux activistes tchèques puissent être libérés. »

Il n’empêche que la diplomatie tchèque continue à s’engager dans cette affaire : elle entend négocier avec les représentants du ministère turc des Affaires étrangères et de la Justice. Le sort des deux jeunes Tchèques préoccupe aussi le Premier ministre Andrej Babiš. Par le biais de sa porte-parole, le ministère tchèque des Affaires étrangères a fait savoir qu’il allait soutenir une éventuelle plainte portée par Markéta Všelichová et Miroslav Farkas auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.