Prokop Voskovec, poète, livreur, traducteur et humaniste

Prokop Voskovec

Mercredi se sont déroulées les obsèques du poète et traducteur tchèque, Prokop Voskovec à Paris, où il vivait depuis 1979. Neveu du comédien Jiri Voskovec, Prokop Voskovec s’est éteint à l’âge de 69 ans, des suites d’une longue maladie, le 9 février dernier. Le photographe tchèque Karel Steiner, également installé à Paris, le connaissait bien, il a bien voulu évoquer ses souvenirs et rappeler dans quelles circonstances ils s’étaient rencontrés.

Prokop Voskovec
« J’ai rencontré Prokop Voskovec parce que je travaille depuis plusieurs années sur un projet photographique : je fais des portraits de la communauté tchèque en France et j’ai eu la chance de rencontrer Prokop comme cela, il y a environ six ans. J’ai fait son portrait chez lui à l’époque. »

Comment s’est déroulée cette rencontre photographique avec Prokop Voskovec ?

« Prokop Voskovec m’a accueilli d’une façon très chaleureuse. C’était formidable. On a tout de suite commencé à parler. Son épouse Vlasta était là, d’autres artistes aussi comme Miloš Síkora, qui habite dans le même immeuble. Vers la fin, j’ai déballé mes flashs et l’appareil photo, j’ai fait quelques prises de vue. Mais on a surtout discuté ! »

Prokop Voskovec se décrivait lui-même comme un « poète qui n’écrit pas ». Comment est-ce que vous l’entendez ?

« C’est un peu sa réputation... Je pense qu’il a beaucoup écrit mais tout n’a pas été toujours publié. Mais il était actif, il s’intéressait à beaucoup de choses. Mais si on le compare par exemple à Petr Král, qui a écrit des dizaines de livres, Prokop Voskovec n’a pas écrit beaucoup d’œuvres. »

Justement, vous mentionniez Petr Král : c’est l’occasion de rappeler que Prokop Voskovec a fait partie, dans les années 1960, de cercles surréalistes avec Petr Král et Stanislav Dvorský. Prokop Voskovec, c’était un homme de poésie, mais aussi un homme de théâtre. Il a mis en scène dans les années 1960 Ubu roi d’Alfred Jarry. Plus tard, il a signé la Charte 77, il s’est vu retirer la nationalité tchécoslovaque et il a décidé de partir en France. Est-ce qu’il évoquait cette période de l’émigration, de l’exil ?

« Oui et non. Il était assez modeste et il ne parlait vraiment de la Charte 77, mais plutôt de sa vie quotidienne en France. Il était livreur, il travaillait comme coursier avec son scooter. Je crois qu’il adorait ça, pour lui c’était une façon de voir Paris, de rendre visite à des gens, de visiter des lieux. Il parlait beaucoup de ses amis qui vivaient en France. »

Si en quelques mots, vous deviez dire quel souvenir Prokop Voskovec va laisser, pour vous, quelles sont les qualités qui le caractérisaient et qui faisaient que vous l’appréciez ?

« Prokop Voskovec était quelqu’un de très chaleureux qui aimait les gens. Après cette première visite chez lui, je suis revenu plusieurs fois : j’aimais passer du temps avec lui. C’est quelqu’un qui disait des choses intéressantes. A chaque fois que j’allais chez lui, il y avait d’autres personnes comme Miloš Síkora, Hana Schiker. C’était toujours très agréable : on parlait de la Tchécoslovaquie, de l’art. Il s’intéressait à mon travail, à moi, il s’intéressait aux gens de manière générale. C’était un humaniste. »