Quatrième jour des inondations : l’eau continue de déferler vers le nord du pays

Ústí nad Labem, photo: CTK

Après quatre jours d’importantes inondations sur de nombreux territoires en République tchèque, la situation s’est stabilisée à Prague. Mercredi matin, le débit de la Vltava, la rivière qui traverse la capitale, avait un débit de 2 500 m3/seconde, soit une baisse d’un cinquième depuis sa culmination mardi. En revanche, les villes situées dans le nord de la Bohême s’attendent, elles, encore au pire.

Ústí nad Labem,  photo: CTK
Le quatrième jour des inondations compte désormais 19 000 évacués, 492 personnes sauvées des eaux et huit victimes au total, quatre personnes étant également portées disparues. Des premiers pillages de logements et maisons quittés dans l’urgence ont déjà été enregistrés. Si la situation en Bohême centrale et dans les environs de Prague est plus rassurante malgré le maintien de l’état d’urgence niveau 3, ce n’est pas le cas des villes situées dans le nord de la République tchèque, telles que Ústí nad Labem, Mělník et Litoměřice. Le confluent de l’Elbe et de la Vltava situé à Mělník complique notoirement la situation. Un renforcement de la digue de la ville dans la matinée a permis d’empêcher un débordement encore plus dramatique de l’Elbe. C’est désormais la ville de Litoměřice, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Mělník, qui prévoyait pour ce mercredi après-midi une culmination de la montée de l’eau. Lors d’une conférence de presse exceptionnelle, le Premier ministre, Petr Nečas, a garanti que l’Etat consacrerait 3,3 milliards de couronnes (un peu plus de 130 millions d’euros) au système de secours national et régional, tout en assurant que des aides étrangères n’étaient pas encore nécessaires. Le chef du gouvernement a toutefois tenu à rappeler que les inondations n’étaient pas terminées et qu’il convenait de ne pas rejeter la faute sur le dos de quiconque.

Petr Nečas,  photo: CTK
« La réalité a été pire que ce qu’annonçaient les prévisions de mercredi dernier. Affirmer que les météorologues sont responsables de la situation actuelle est faux. Ils font leur travail du mieux possible dans la mesure de leurs possibilités et avec les moyens scientifiques dont ils disposent. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une prévision météorologique et que c’est là, parfois, un facteur tout à fait imprévisible ».

L’inondation partielle de l’usine chimique de Spolana, dans la ville de Neratovice, en Bohême centrale, et l’inondation encore attendue de l’usine chimique de Lovosice Lovochemie dans la région de Litoměřice font partie des cas pouvant avoir des conséquences néfastes sur l’environnement. Deux réservoirs de gaz vides, qui pèsent douze tonnes chacun et qui ont été arrachés par le courant dans la ville de Děčín, ont été interceptés par la police allemande. Si la plupart des niveaux d’eau sont en relative baisse, l’Elbe devrait néanmoins culminer à Ústí nad Labem dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon les prévisions disponibles, son niveau devrait atteindre pratiquement celui des inondations de 2002. Petr Nečas s’est également prononcé sur la question financière relative aux inondations :

Spolana Neratovice,  photo: CTK
« Les inondations ne sont pas finies, donc l’évaluation des dégâts comme celle des besoins qu’auront les régions ou même l’Etat ne sont pas encore à l’ordre du jour. Cela concerne également les demandes d’aides en provenance du fonds de solidarité. A l’heure actuelle, nous sommes dans l’impossibilité de dire quels seront le coût définitif de ces inondations et l’étendue des dégâts, car malheureusement ces inondations continuent. »

La Vltava ayant culminé dans la soirée de mardi, la situation dans la capitale semble stabilisée. Si cinq stations de métro ont été rouvertes, la circulation reste toutefois très difficile. Ce mercredi, le zoo de Prague, où ont commencé les travaux de nettoyage, ouvre au public la zone supérieure seulement ; un geste de résistance vis-à-vis des inondations. Les dégâts s’élèveraient à 160 millions de couronnes selon le directeur du zoo. Miroslav Bobek s’exprime sur la situation actuelle :

Miroslav Bobek,  photo: CTK
« Le niveau d’eau décroît considérablement et cela révèle également l’ampleur des dégâts, qui sont vraiment incommensurables dans la partie basse du zoo. Hier soir déjà, lorsque je parcourais le zoo et que j’observais d’en haut l’état de la zone inférieure, j’ai vécu les pires moments de ma vie. Les dégâts sont vraiment colossaux. »

Si pour Miroslav Bobek, les dégâts seront non seulement matériels mais aussi moraux, il explique pourquoi des dispositifs anti-inondations n’ont pas été déployés près du zoo :

Zoo de Prague,  photo: CTK
« Après les inondations de 2002, les dirigeants de la ville ont décidé que le zoo, ou du moins ses jardins inférieurs côtoyant la Vltava, deviendrait une sorte de zone d’écoulement des eaux, permettant la diminution du niveau dans le centre-ville de 10 centimètres. Avec cette décision, nous avons été sacrifiés et détachés de la ville de Prague, bien que tout le monde affirme que le zoo est le bijou de la capitale. Nous pouvons voir par nous mêmes à quoi cela a mené. Je suis persuadé qu’il est indispensable d’inclure le zoo de Prague dans le système de protection contre les inondations ».

La municipalité a également subi des critiques en privilégiant la protection du nouveau tunnel Blanka en construction, plutôt que celle de la station de traitement des eaux usées située en face du zoo ; des eaux usées qui se déversent désormais dans la Vltava. Si les prévisions météorologiques continuent d’annoncer des averses pour la semaine à venir, les travaux de liquidation seront vastes dans les mois à venir.