Refroidissement des relations tchéco-norvégiennes en lien avec l’affaire des enfants Michalák

Eva Michaláková, photo: Filip Jandourek

Les autorités norvégiennes viennent de trancher : Eva Michaláková, une mère tchèque, perd l’intégralité de ses droits parentaux sur ses fils et le plus jeune d’entre eux va pouvoir être adopté par ses tuteurs actuels. En 2011, les services sociaux norvégiens avaient retiré la garde des enfants aux parents biologiques tchèques, en raison de soupçons d’abus sexuels qui n’ont jamais été confirmés par l’enquête. Côté tchèque, on a vivement réagi à cette nouvelle décision. AK

Eva Michaláková,  photo: Filip Jandourek
C’est une affaire qui empoisonne les relations entre la République tchèque et la Norvège depuis quelques années déjà. Une affaire qui a pris un nouveau tournant mardi, avec la décision radicale des autorités norvégiennes de déchoir Eva Michaláková de ses droits parentaux sur ses enfants de six et dix ans. Un des problèmes majeurs de cette affaire reste que les faits n’ont jamais été totalement rendus publics, avec dans l’idée de protéger les enfants, mais cet absence de détails laisse planer le doute sur cette histoire complexe.

Malgré une enquête ouverte en Norvège en 2011 en raison de soupçons d’abus sexuels sur ces enfants, aucune inculpation n’a jamais eu lieu et l’affaire avait été classée. Pas pour les services sociaux en tout cas, qui ont décidé de placer les enfants dans deux familles d’accueil. Depuis, cette mère tchèque qui a progressivement perdu le droit de voir ses enfants se bat pour récupérer la garde de ses enfants, et plusieurs politiques tchèques se sont impliqués ces dernières années pour l’aider dans ce sens.

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
Aujourd’hui, la dernière décision des autorités norvégiennes a suscité la colère de la classe politique tchèque : le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek a immédiatement convoqué l’ambassadrice de Norvège pour protester officiellement :

« Pendant les négociations avec les autorités norvégiennes, on nous a régulièrement assuré que si la famille biologique exprimait sa volonté de s’occuper des enfants, ce qu’elle a fait, il ne pouvait en aucun cas arriver qu’un enfant soit adopté. C’est la raison pour laquelle j’estime que la décision qui est tombée ce mardi est totalement scandaleuse. »

Michaela Marksová est ministre du Travail et des Affaires sociales, elle s’est engagée personnellement et a suivi de près cette affaire. Elle a également réagi à cette décision de la Commission régionale de Norvège et détaillé les possibilités de recours dans cette affaire :

Michaela Marksová,  photo: ČTK
« Dans le cas présent, les démarches possibles sont très limitées. Le ministre des Affaires étrangères va envoyer une notification aux autorités norvégiennes, exprimant son désaccord avec l’ensemble de la procédure. Mais cela reste de simples appels et on ne peut pas faire grand-chose. Eva Michaláková a la possibilité de faire appel de la décision, il y a deux niveaux d’appel. Si ces moyens sont épuisés, l’affaire peut être portée à la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg. Alors seulement, la République tchèque peut s’engager dans la procédure en faveur d’Eva Michaláková, en tant que citoyenne tchèque. Mais c’est d’abord elle qui doit entreprendre ces démarches. »

La mère des deux garçons a déjà fait savoir qu’elle allait en effet faire appel. En attendant, en République tchèque, l’affaire a suscité diverses réactions dans le spectre politique. Le député européen chrétien-démocrate Tomáš Zdechovský qui s’est également engagé en se rendant plusieurs fois en Norvège, a eu des mots forts pour exprimer son désaccord, et a appelé le gouvernement tchèque à renvoyer l’ambassadrice de Norvège. Le président tchèque, pour sa part, a fait savoir que l'ambassadeur tchèque en Norvège, pourrait être rappelé à Prague.

Autant d’annonces dont, pour l’heure, on ne sait pas si elles seront suivies d’effet, mais qui témoignent d’un refroidissement incontestable des relations entre la République tchèque et la Norvège.