Rinaldo, un opéra qui marie le chant et la danse

'Rinaldo', photo: CTK

C’est pour ce samedi que le Théâtre national de Prague a préparé la première de l’opéra Rinaldo de Georg Friedrich Händel, une coproduction du Théâtre national avec le Théâtre de Caen, l’Opéra de Rennes et le Grand Théâtre de Luxembourg. Les chanteurs et l’Orchestre Collegium 1704 sont dirigés par Václav Luks et la mise en scène a été confiée à Louise Moaty qui a décidé de respecter dans cette production les codes de représentation du théâtre baroque.

Louise Moaty,  photo: CTK
La création de Rinaldo a eu lieu en 1711 et c’était le premier opéra que Händel a conçu et présenté à Londres. Le grand succès de cette œuvre a été aussi le point de départ de la brillante carrière du compositeur saxon en Angleterre. Dans cet opéra évoquant la première croisade des chevaliers chrétiens en Palestine, telle qu’elle est racontée par le Tasse dans son poème « La Jérusalem délivrée », le compositeur a réservé une place importante à la danse. La chorégraphie est également un élément important de la production présentée actuellement au Théâtre national. La metteuse en scène Louise Moaty explique:

'Rinaldo',  photo: CTK
«Dès le départ, il fallait pour moi qu’il y ait de la danse. En écoutant cette musique je trouve évident qu’il y a de la danse, qu’elle a été écrite pour la danse. Et puis la musique de Händel me donne l’impression de pouvoir faire bouger l’espace et de faire bouger les corps dans cet espace. C’est clair, Händel était venu à Londres avec des danseurs français pour interpréter cet opéra, donc cela m’a paru important et évident que la danse y ait une place. Depuis le départ j’ai comme première image de l’opéra deux danseurs qui représentent deux soldats chrétiens, deux écuyers chrétiens, qui rentrent en courant dans l’espace et qui sont aussi l’image de cette fougue qui s’incarne en Renaud, héros très très jeune ayant une grande puissance guerrière. Dans ‘La Jérusalem délivrée’ on le compare à Adonis pour la beauté et à Mars pour la fureur guerrière. C’est cette espèce d’énergie et de grandes impulsions que j’ai eu envie d’incarner avec ces deux jeunes danseurs, deux jeunes soldats chrétiens qui rentrent dans l’espace comme les chrétiens qui arrivent à Jérusalem. »

'Rinaldo',  photo: CTK
L’opéra baroque, c’est cependant avant tout un festin musical. Le chant orné, l’art de la fioriture y atteint son apogée. Händel a créé pour Rinaldo quelques unes de ses plus belles mélodies et donné aux chanteurs la possibilité de faire briller l’agilité de leur voix dans des airs exigeant une véritable acrobatie vocale. Interpréter un tel répertoire n’est pas facile pour les chanteurs contemporains. Le rôle de la sorcière Armida, une femme passionnée, inquiétante et dangereuse, est interprété dans cette production par Marie Fajtová. Elle connaît déjà les exigences et les périls de l’interprétation baroque:

«Je crois qu’à l’époque de Händel l’art du bel canto avait déjà atteint son plus haut niveau. Cela veut dire que si le chanteur ne disposait pas d’une bonne technique vocale, il ne pouvait pas prétendre à chanter bien de tels rôles. Pour nous aussi ce sont des rôles assez difficiles.»

Six représentations de Rinaldo seront données au Théâtre des Etats à Prague et l’opéra sera ensuite présenté au Théâtre de Caen, à l’Opéra de Rennes et au Grand Théâtre de Luxembourg.