Sandrine Bonnaire et son film sur sa sœur autiste : « Un acte politique »

Sandrine Bonnaire, photo: CTK

La comédienne française Sandrine Bonnaire était à Prague à la fin de la semaine dernière pour recevoir le prix Kristián dans le cadre du festival Febiobest. Le public praguois a ainsi la possibilité de voir ou de revoir certains des grands films qui ont marqué sa carrière. L’occasion de s’entretenir avec elle, notamment de son premier film en tant que réalisatrice, Elle s’appelle Sabine, documentaire consacré à sa sœur autiste. Un film bouleversant sur l’échec de sa prise en charge par le corps médical, un échec qui a eu des conséquences lourdes. Mais avant cela Radio Prague a recueilli ses réactions après la remise du prix Kristián :

Sandrine Bonnaire,  photo: CTK
« Cela fait plaisir bien sûr. On ne peut pas dire qu’on ne fait pas ce métier aussi pour ces raisons-là. Un travail reconnu, c’est toujours touchant. Après, je me dis : est-ce que c’est l’âge ? Il y a bien sûr la reconnaissance, mais j’ai trente ans de carrière. Alors est-ce que fait partie des… (rires) ?! »

Plusieurs de vos films ont été projetés en République tchèque ces dernières années, dans le cadre de festivals, qu’il s’agisse de films dans lesquels vous avez joué, ou du film que vous avez tourné sur votre sœur, autiste. Ce film, Elle s’appelle Sabine, pourquoi avez-vous voulu le faire ?

« J’ai était la marraine des journées de l’autisme en France pendant plusieurs années. Je me suis dit que la meilleure manière de défendre l’autisme était de le faire à travers Sabine. J’entendais tellement de témoignages de familles tout aussi tragiques que celui de Sabine que je me suis dit qu’il fallait dénoncer tout cela. Ce n’était pas tant pour parler de Sabine que pour dire que ça continuait. Ce film a été fait pour sensibiliser les pouvoirs publics, le public aussi à ce regard qui est souvent malveillant. Oui, c’était un acte politique. »

Avez-vous été surprise des réactions suite au film ? Qu’elles soient positives ou négatives…

« Je n’ai pas été surprise. Parce que c’était évident que l’histoire de Sabine était touchante et bouleversante. Personne ne peut être insensible au cas de Sabine. »

Il faut rappeler qu’elle a été diagnostiquée autiste très tard et très mal prise en charge surtout…

'Elle s’appelle Sabine'
« Oui. A la limite le diagnostic à cet âge-là, c’est presque trop tard. On est diagnostiqué mais où oriente-t-on ces gens-là ? S’il n’y a pas de lieu de vie, de lieu de soins, que fait-on d’un diagnostic ? Ma démarche est surtout orientée sur cela : trouver des lieux de vie et de soins, où les parents peuvent souffler. »

Comment a-t-elle réagi au film ?

« Le film lui a fait beaucoup de bien, elle a été la première à le voir, avec les gens de l’association que j’avais filmés. Ensuite, elle me l’a demandé en DVD. Je lui ai passé. Elle le regardait tous les jours. Elle s’est presque dédoublée : à la fois cela lui a fait beaucoup de bien, car elle a vu comment elle était avant, elle s’est souvenue de ce qu’elle était avant, donc elle a eu besoin et envie de retrouver des forces pour y ressembler un peu. En même temps, il y avait un côté où elle était un peu comme une actrice – ce qui est vrai en sorte, mais plus tout-à-fait dans la réalité. Elle avait besoin de voir le film tous les jours ce qui était trop. Les gens qui s’occupent d’elle ont recadré tout cela. »

'Elle s’appelle Sabine'
Comment va Sabine aujourd’hui ?

« Pas mal. Ce n’est pas encore cela, mais pas mal. Elle a énormément maigri, elle a eu envie de se laisser pousser les cheveux. Elle est plus comme avant, plus coquette. Et en même temps par moments, violente, mais c’est normal. C’est sa différence qui fait cela, Sabine s’exprime comme cela, de toute façon. »