Un demi-siècle d’égyptologie tchèque

Photo: Jaromír Krejčí, Czech Institute of Egyptology

L’égyptologie tchèque fête ses 50 ans. Ou plutôt l’Institut d’égyptologie tchèque, car l’intérêt pour cette civilisation qui en a fasciné plus d’un remonte à une période bien plus antérieure dans les pays tchèques. Une petite exposition rappelle les grands moments de l’égyptologie tchèque.

Quand on parle d’égyptologie, on pense avant tout à trois grands pays fondateurs : la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne. Les pays tchèques, à leur mesure, ont également très tôt succombé à l’égyptomanie. Et pas plus tard qu’au moment des expéditions napoléoniennes… A l’époque, « égyptologie » ne rime pas encore avec « sciences ». Jana Mynářová, de l’Institut d’égyptologie tchèque : « C’est au tournant des XVIIIe et XIXe siècles que des nobles rapportent en pays tchèques des objets. L’intérêt pour l’Egypte a été suscité par les expéditions de Napoléon. Mais là, c’était vraiment des aventuriers. »

Il faut attendre František Lexa, un mathématicien de formation et philologue, qui se rend en Egypte sur le tard mais enseigne l’égyptologie à partir de 1922 à l’Université Charles de Prague. Jaroslav Černý, son élève, s’investira vraiment en Egypte. Jana Mynářová :

« Černý est allé en Egypte et a pu travailler sur des chantiers de fouilles par l’intermédiaire de l’Institut français d’archéologie orientale au Caire. Il y a travaillé surtout en tant que philologue, mais c’est grâce à sa collaboration au sein de l’Institut que de nombreux objets ont pu entrer dans les collections du Musée national tchèque. Ils ont été présentés l’an dernier, à l’exposition ‘Thèbes, ville des dieux et des pharaons’. Nous en avons un échantillon dans cette exposition actuelle et on les retrouvera en septembre, pour la grande exposition consacrée aux 50 ans de l’égyptologie tchèque. »

Dernier membre de ce « triumvirat » des fondateurs : Zbyněk Žába, qui participe à la création de l’Institut d’égyptologie et joue un rôle important dans le lancement du chantier de fouilles à Abousir, dans la nécropole des rois, à 25 km du Caire. Entre 1961 et 1965, l’Institut participe à une campagne internationale de l’UNESCO chargée de sauver les monuments de Nubie menacés par le projet de construction du barrage d’Assouan. Et c’est en 1975 que l’Institut, dirigé par l’égyptologue Miroslav Verner, obtient enfin une concession à Abousir, qui leur permet de fouiller les structures royales datant de 2 500 av. J-C et les tombes de hauts dignitaires du IIIe au Ier millénaire av. J-C. C’est là qu’a été réalisée la découverte en novembre dernier d’une chambre funéraire intacte, qui a échappé aux pilleurs.

Mais pour faire vivre ce rêve égyptien, il faut aussi des moyens, et pour être scientifiques, les égyptologues n’en sont pas moins des administrateurs. Une campagne de fouilles coûte cher. Jana Mynářová :

« Pour les financements, nous devons demander des subventions, donner la preuve de l’intérêt de nos recherches. Si on arrive à obtenir les financements pour tel ou tel projet, on sait alors qu’on est assuré pour les trois à cinq années suivantes. »

L’exposition « Découvrir l’Egypte ancienne » est installée au palais Lichtenstein sur l’île de Kampa à Prague. Elle s’achèvera le 27 avril. Les 50 ans de présence archéologique tchèque en Egypte, ce sera aussi à la Foire du livre de Prague du 24 au 27 avril. Plus d’infos sur le www.bookworld.cz.