Un prix pour Dana Němcová, l’ex-dissidente toujours à l’écoute des personnes en difficultés

Dana Němcová, photo: ČTK

Ancienne dissidente et porte-parole de la Charte 77, Dana Němcová, aujourd’hui âgée de 83 ans, a reçu, mardi à Prague, le prix Arnošt Lustig 2016, une récompense créée il y a six ans par la Chambre de commerce tchéco-israélienne en l’honneur du grand écrivain tchèque et survivant de la Shoah. Lauréate du prix Arnošt Lustig, Dana Němcová a été ainsi distinguée pour son courage, sa contribution à la défense des droits de l’Homme et sa quête de justice.

Dana Němcová,  photo: ČTK
« Je pense qu’un des avantages de cette époque était que nous nous réjouissions d’être ensemble. Le fait que l’on pouvait compter sur l’autre, notre solidarité, cela nous a donné beaucoup de force. Nous avions une cause commune et cela nous unissait. Notre communauté, c’était des gens qui savaient quel était leur objectif. Ils savaient qu’ils allaient, éventuellement, payer pour cela. Mais ils étaient conscients que leur liberté intérieure était à ce prix. Nous n’avions même pas l’occasion d’avoir des regrets. »

C’est ainsi que Dana Němcová décrit, dans un documentaire télévisé, l’esprit qui régnait au sein de la communauté des dissidents, formée autour de la Charte 77, ce fameux appel au respect des droits de l’Homme lancé aux autorités communistes.

Née en 1934, interdite pendant quatorze ans d’exercer son métier de psychologue, Dana Němcová et son mari, le philosophe Jiří Němec, ont figuré parmi les initiateurs du mouvement dissident dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Leur appartement, situé rue Ječná, au centre de Prague, et étroitement surveillé par la police secrète communiste, est devenu un lieu de rencontre important de la communauté dissidente. En 1978, Dana Němcová contribue à la fondation du VONS, le Comité de défense des personnes injustement poursuivies. Ses activités lui valent d’innombrables interrogatoires policiers, ainsi que plusieurs années d’emprisonnement, pendant lesquelles ses amis dissidents s’occupent de ses sept enfants.

« La xénophobie, le populisme, la méfiance et la peur abusent de nous et nous menacent », a alerté Dana Němcová pendant la cérémonie de remise du prix Arnošt Lustig. Car l’attention portée aux gens en difficultés, persécutés, handicapés ou en marge de la société a été au cœur de son travail même après la Révolution de velours. A la fin des années 1990, Dana Němcová a pris la direction du Comité de bonne volonté, une ONG caritative créée par Olga Havlová, la première épouse du président Havel. Outre cette activité, elle s’est engagée dans l’aide aux ressortissants de l’ex-Yougoslavie ayant trouvé refuge en République tchèque.

Notre avenir est entre nos mains - voilà la devise de Dana Němcová, sous le communisme comme aujourd’hui. Après avoir reçu le prix Arnošt Lustig, l’ancienne dissidente a par ailleurs déclaré :

« Notre société ne s’est jamais portée aussi bien que maintenant. Si nous voulons nous porter encore mieux, cela ne dépend que de nous. »