Une multitude de documents rares retrouvés dans l’ancien ghetto de Terezín

Photo: Ľubomír Smatana, ČRo

L’ancien ghetto juif de Terezín, en Bohême centrale, a été le théâtre d’une découverte historique rare. Soixante-quatorze ans après la fin de la guerre, plusieurs dizaines de kilos de lettres, documents administratifs et autres objets les plus divers ont été retrouvés par hasard dans une maison par son propriétaire lors de travaux de rénovation. Les documents ont été remis au Mémorial de Terezín et des recherches approfondies vont désormais être menées.

Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo

Jiří Smutný,  photo: Ľubomír Smatana,  ČRo
Tout ce matériel très précieux pour les historiens a été retrouvé dans les gravats de la maison en travaux située dans la rue Komenský, à proximité de l’endroit où se trouve le Mémorial et le Musée du ghetto. Anciens papiers recouverts de poussière remontant jusqu’à la première moitié du XIXe siècle, mais aussi donc lettres au papier jauni et documents les plus divers relatifs à la vie des personnes internées dans le ghetto sous le Protectorat de Bohême-Moravie se trouvaient sous les planches du grenier, comme l’explique le propriétaire de la maison Jiří Smutný :

« Il est possible que quelqu’un ait voulu cacher tout cela sous le plancher. Mais on peut aussi penser que ça traînait là depuis un long moment déjà, car on a retrouvé divers documents datant aussi bien de 1830, de 1880 que de la période du ghetto. »

Lui-même collectionneur et membre du Club de l’histoire militaire, Jiří Smutný affirme avoir rapidement compris qu’un trésor se trouvait là parmi les tonnes de gravats. De leur côté, les chercheurs du Mémorial de Terezín apprécient tout particulièrement la diversité des documents retrouvés. L’historien Tomáš Fedorovič s’est ainsi par exemple étonné de tenir entre les mains une liste détaillée de la répartition des services de garde aux toilettes :

Michaela Dostálová,  photo: Ľubomír Smatana,  ČRo
« Je suis enchanté, car je n’avais encore jamais vu un document pareil de ma vie. Ce qui est sûr, c’est que c’est le type de choses que nous intégrerons à la nouvelle exposition que nous préparons actuellement. Il faut montrer aux gens qu’il existait des choses aussi absurdes dans le ghetto de Terezín. »

Aux yeux de sa collègue Michaela Dostálová, qui travaille, elle, comme documentariste au Mémorial, la valeur des documents et des objets repose surtout sur le fait qu’ils ont été retrouvés à Terezín même :

Photo: Ľubomír Smatana,  ČRo
« Le plus souvent, ce que nous recevons, ce sont des dons qui proviennent de l’extérieur, de l’étranger. Il s’agit de souvenirs qui appartiennent à un héritage familial. Cette fois, c’est différent, car la quantité de documents que nous avons reçus est beaucoup plus importante. Mais surtout, nous savons très précisément d’où ils proviennent dans la ville. C’est ce qui fait que cette découverte est tout à fait exceptionnelle. »

Ces documents rares seront exposés dans un proche avenir. Dans un premier temps, ils vont toutefois d’abord être restaurés, puis numérisés avant d’être mis en ligne.

Entre 1940 et 1945, plus de 150 000 personnes, essentiellement de confession juive, sont passées par le ghetto de Terezín, camp de transit qui se trouvait à quelques dizaines de kilomètres au nord de Prague, avant leur déportation vers les camps d'extermination nazis.

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