Une poignée de familles syriennes accueillie en Tchéquie

Photo illustrative: ČTK

Très peu disposée à accueillir des réfugiés au nom de « raisons de sécurité », la République tchèque avait finalement annoncé au début de l’année qu’elle était prête à recevoir quinze familles syriennes sur son sol. Au final, ce sont seulement trois familles, seize personnes, qui ont décollé ce lundi d’Amman, la capitale jordanienne, pour rejoindre Prague.

Photo illustrative: ČTK
Le débat avait été vivace, début 2015, sur la question de l’accueil de ces quelques personnes. Ceux qui y étaient défavorables évoquaient des capacités d’hébergement soi-disant limitées, d’autres les risques que ces réfugiés pouvaient faire peser pour la sécurité nationale. De l’autre côté, le quotidien Mladá fronta Dnes parlait alors « d’une goutte d’eau dans l’océan », quand le président du parti TOP 09 estimait de son côté qu’on « chipotait pour une poignée de familles syriennes ».

Une poignée qui a d’ailleurs fondu au fil des mois. A l’origine, il était convenu que quinze familles syriennes, environ 70 personnes, dont les enfants ne pouvaient être soignés dans les camps jordaniens où elles se trouvaient, seraient accueillies en République tchèque, dans le cadre du programme international d’évacuation sanitaire Medevac. Au mois de septembre, il n’était plus question que d’une trentaine de réfugiés et ils étaient finalement encore moins nombreux dans l’avion au départ d’Amman ce lundi. Ambassadeur tchèque en poste en Jordanie, Petr Hladík explique :

« A l’origine, nous pensions que ce groupe serait plus important. Cela devait concerner jusqu’à quinze familles. Finalement, les personnes qui viennent en République tchèque sont au nombre de seize. L’idée était de sélectionner des familles au sein desquelles un ou plusieurs enfants allaient avoir besoin de recevoir des soins médicaux en République tchèque. »

Svatopluk Němeček,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Les familles, qui vont bénéficier d’un permis de séjour permanent en Tchéquie, ont en effet été présélectionnées par Prague sur la base de critères que le ministre de l’Intérieur, le social-démocrate Milan Chovanec, promettait très stricts. Il indiquait « vouloir éliminer tout risque pour notre sécurité ». La confiance n’est donc pas réellement de mise, et ce même au niveau sanitaire, si l’on en croit les déclarations du ministre de la santé Svatopluk Němeček, lui aussi social-démocrate :

« Ils ont été vaccinés. Les vaccinations qu’ils ont déjà dû subir ont été contrôlées. Après un examen de santé, leurs résultats sont examinés en laboratoire. »

Aussi, le quotidien Hospodářské noviny, sur la base d’un document gouvernemental, affirme que de nombreux réfugiés syriens, pourtant présélectionnés, ont renoncé à partir pour la Tchéquie. Certains parce qu’ils avaient une connaissance trop limitée de ce pays et qu’ils espéraient rejoindre d’autres destinations telles que l’Allemagne ou les Etats-Unis. D’autres, au contraire, ont eu vent des débats qui agitent la République tchèque, ce qui aurait refroidi leurs ardeurs à s’y installer. Selon ce document, certaines familles auraient ainsi cité les propos du président tchèque Miloš Zeman, selon lequel personne ne veut des réfugiés en Tchéquie. Plusieurs auraient également demandé pourquoi les demandeurs d’asile sont placés dans des camps de rétention.

Photo illustrative: DFID - UK Department for International Development,  CC BY-SA 2.0
Interrogés par la Radio tchèque, les réfugiés qui arrivent à Prague disent « vouloir vivre normalement ». Parmi eux, Ali, 34 ans, confesse ne pas savoir grand-chose du pays où il débarque mais se réjouit d’apprendre la langue tchèque. Ils doivent être hébergés temporairement dans la capitale tchèque, en attendant que le service caritatif de l’archidiocèse de Prague et l’administration pour les réfugiés prennent en charge leur intégration.