Vaclav Klaus : Wojciech Jaruzelski est un symbole de l'occupation en 1968

Le général polonais Wojciech Jaruzelski avec le président Vladimir Poutine, photo: CTK
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Le président tchèque Vaclav Klaus a fait sentir sa présence aux commémorations moscovites de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avant même de s'envoler pour la capitale russe, il s'est fermement opposé, dans une déclaration publique, à la décoration, par Vladimir Poutine, du général polonais Wojciech Jaruzelski. Un autre événement qui a quelque peu assombri la grandiose "Fête Poutine" boycottée par deux pays baltes.

Le général polonais Wojciech Jaruzelski avec le président Vladimir Poutine,  photo: CTK
"Je ne peux pas accepter qu'il ait été décoré. En 1968, en tant que ministre de la Défense d'alors, il a donné l'ordre d'envahir la Tchécoslovaquie. Et puis inutile de rappeler qu'il a contribué à réprimer le mouvement Solidarité...". C'est en ces termes que Vaclav Klaus a parlé, encore à Moscou, devant les journalistes, de l'ancien homme d'Etat polonais Wojciech Jaruzelski. Agé aujourd'hui de 81 ans, le général, ainsi que les ex-présidents d'Albanie, de Grèce, de Croatie, de Chypre et l'ex-roi de Roumanie ont reçu du chef de l'Etat russe une médaille jubilaire, à l'occasion de l'anniversaire de la Victoire sur l'Allemagne nazie. Sans négliger ses mérites dans la lutte contre le fascisme, Vaclav Klaus voit donc en Jaruzelski, selon les termes de sa déclaration officielle, "un symbole de l'invasion des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie". Si la présence même de Jaruzelski à Moscou a provoqué une polémique en Pologne, la réaction du président tchèque n'est pas restée non plus sans échos, en somme positifs, notamment parmi les journalistes polonais ayant assisté au défilé.

Le président Vaclav Klaus,  photo: CTK
Le chef de l'Etat affirme avoir fait part de ses objections à Vladimir Poutine, lors de leur très brève rencontre au Kremlin. Cela ne semble pas avoir nui aux relations bilatérales, vu que les deux dirigeants ont réussi, pendant quelques minutes, à se mettre d'accord sur la prochaine visite du chef de l'Etat russe à Prague. D'ailleurs, concernant la polémique historique sur l'après 1945, qui divise l'opinion publique mondiale, Vaclav Klaus penche du côté de Moscou : pour lui, la Russie avait bien le droit de célébrer en grandes pompes cette Victoire qui lui appartient. La guerre et la domination soviétique en Europe de l'Est qui lui a succédé sont, d'après le président, deux choses distinctes. "Les millions de victimes et les millions de simples soldats russes ne se sont quand même pas battus pour l'instauration du communisme", estime le président Klaus. Il n'empêche que plusieurs personnalités politiques et publiques tchèques ont soutenu l'appel des intellectuels russes et occidentaux qui ont, à l'occasion des festivités moscovites, pointé du doigt la politique intérieure de Vladimir Poutine, politique qu'ils jugent anti-démocratique.

Auteur: Magdalena Segertová
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