La Tchéquie de 2016 – un pays stable, prospère et sûr

Photo illustrative: Štěpánka Budková

Avec la fin d’année, l’heure est comme d’habitude à dresser des bilans. Dans cette nouvelle revue de presse, nous vous en présenterons brièvement deux. Quelques mots aussi sur ce que représente la notion de « Pragois d’origine » et sur le phénomène du théâtre de marionnettes tchèque, celui-ci ayant été inscrit sur la liste du patrimoine oral et immatériel de l’UNESCO.

Photo illustrative: Štěpánka Budková
Cette année, la Tchéquie a constitué une région calme, stable et prospère de l’Europe. C’est du moins ce que constate l’éditorial de la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt qui s’est penché sur les différents aspects de la condition du pays. On peut y lire les choses suivantes :

« La vingt-septième année depuis la chute du régime communiste, en novembre 1989, représente pour la Tchéquie une situation qu’elle n’a jamais connu à ce jour. Encore jamais auparavant, le pays n’a disposé d’autant de temps pour pouvoir se développer librement et pour pouvoir appliquer ses propres décisions. La république de Masaryk, après la naissance de la Tchécoslovaquie en 1918, d’une durée similaire, a été interrompue par la Deuxième Guerre mondiale. Dans cette perspective historique et à la lumière de la situation européenne actuelle, l’Etat tchèque constitue un espace doté d’une politique stable et d’une économie qui fonctionne bien, un espace de sécurité. »

Le plus grand problème de la politique locale, ce serait l’incertitude liée à Andrej Babiš, chef du mouvement ANO et ministre des Finances, car « on ne sait toujours pas ce que l’on peut attendre de lui au cas où il deviendrait l’année prochaine le premier ministre ». L’auteur de l’éditorial précise :

« Le fait que les Tchèques atteindront probablement les meilleurs résultats économiques en Europe favorise l’éventualité du succès électoral prochain de Babiš. La réussite économique du gouvernement est due à la bonne condition économique mondiale, mais aussi à sa capacité, plus efficace que dans le passé, à prélever les impôts. A noter aussi que les institutions gouvernementales ont évité des scandales de corruption ce qui a amélioré le climat au sein de la société. »

En ce qui concerne les manquements et les retards à rattraper, ce sont en premier lieu les questions en rapport avec le vieillissement de la population et les pensions de retraite qui doivent être examinées. C’est aussi, selon le magazine, l’enseignement qui mérite une attention accrue, car les résultats des enquêtes effectuées à l’échelle mondiale sont particulièrement négatifs pour les établissements scolaires tchèques.

L’Europe, une partie sûre du monde

Photo: Commission européenne
Une perception assez optimiste de la situation actuelle est exprimée également dans un texte qui a été mis en ligne sur le site du quotidien Lidové noviny. Son auteur signale d’abord que nous vivons avec la peur, car après l’attaque meurtrière perpétrée récemment à Berlin, le terrorisme est désormais tout proche, chose à laquelle les Tchèques n'étaient jusqu'alors pas habitués. Et le fait que, par exemple, les accidents de la route font nettement plus de victimes que le terrorisme, près de 26 000 personnes l’année écoulée en Europe, ne peut pas amoindrir cette peur. Nous avons tendance à croire que nous pouvons éviter les actes terroristes, et c’est pourquoi les pays comme la Tchéquie, la Pologne ou la Slovaquie refusent l’apparition sur leurs territoires de communautés étrangères et c’est pourquoi l’opinion publique est si hostile à l’égard des immigrés. L’auteur tient cependant à souligner :

« Force est de constater qu’en dehors de l’Europe centrale, en dépit des attaques terroristes de ces derniers temps, la partie occidentale du Vieux continent est plus sûre que jamais dans le passé, plus sûr que peu de régions du monde ne peuvent l’être… On veut croire que la situation est pire que jamais. Mais c’est le contraire qui est vrai, car le terrorisme est présent dans les capitales européennes depuis déjà la fin de la guerre. Les années 1990, des années assez calmes, ont fait figure d’exception. Entre les années 1971 et 1992, des actes terroristes ont fait en moyenne une centaine de victimes annuellement en Europe. » L’auteur du texte mis en ligne sur le site lidovky.cz remarque qu’il n’entend pas par-là que « l’on devrait faire fi des meurtres ». Il veut tout simplement rappeler qu’en dépit de la vague de peur et d’inquiétudes, nous vivons dans le coin le plus sûr du monde et, aussi, à un moment qui est, du moins à l’heure actuelle, le plus sûr.

Difficile de définir un Pragois d’origine

Photo: Štěpánka Budková
Qui peut se prendre pour un Pragois d’origine ? C’est à cette question que répond un article qui a été publié dans un des récents numéros du quotidien Mladá fronta Dnes sur la base des résultats d’une mini-enquête qui a été effectuée sur ce sujet. Son auteur a écrit :

« Les conversations menées dans des brasseries tournent souvent autour de la question de l’origine des interlocuteurs. Et presque toujours on trouve quelqu’un qui déclare avec fierté être un Pragois authentique, un autre renchérissant qu’il l’est plus encore, car sa famille est établie dans la capitale tchèque depuis déjà des générations. Il s’avère cependant que les gens considèrent comme un ‘véritable Pragois’ en premier lieu celui qui se prend comme tel. Et peu importe s’il est né à Prague ou s’il y a déménagé il y a une vingtaine d’années. »

A titre d’illustration, le journal cite le sociologue slovaque connu, Fedor Gál, qui s’est établi dans la capitale tchèque dès la partition de la fédération tchécoslovaque, en janvier 1993, et qui se considère comme un Pragois. Selon lui, c’est avant tout une question de mentalité et d’habitude. Connaître son quartier, ses bistros et y avoir des copains, c’est pour lui plus important que les racines de ses aïeuls. C’est d’ailleurs ce que confirment la plupart des personnes interrogées dans cette enquête. De l’avis d’experts en généalogie, il est désormais difficile de trouver des Pragois dotés d’un arbre généalogique « pur-sang », car au plus tard on trouve des ancêtres venus d’ailleurs à Prague à la quatrième génération. Dans le passé, Prague accueillait surtout des personnes de la Bohême, les habitants de la Moravie préférant Vienne. Et le texte de conclure :

« Selon les estimations, les Pragois dits d’origine ne représentent aujourd’hui que moins de 10 % de la population de la capitale. Or, tout un chacun qui possède un acte de naissance obtenu dans une clinique pragoise devient un Pragois authentique et peu importe d’où viennent ses parents. »

Le théâtre de marionnettes tchèque inscrit sur la liste de l’UNESCO

Photo: Anna Královcová
Le réseau particulièrement dense de troupes de marionnettistes amateurs qui existe en République tchèque à côté des troupes professionnelles est à l’origine de la récente inscription du théâtre de marionnettes tchèque sur la liste du patrimoine oral et immatériel de l’UNESCO. C’est ce que signale un texte publié dans l’hebdomadaire Respekt qui se penche dans ce contexte sur la tradition locale de cette discipline artistique en relatant brièvement son histoire :

« On ne sait pas exactement qui a introduit le théâtre de marionnettes dans les pays tchèque. Mais on sait qu’à la fin du XIXe siècle, il a été largement utilisé par les représentants de la renaissance nationale comme un outil destiné à maintenir et à diffuser à la campagne la langue et la culture tchèque. A l’époque, il servait également aux enseignants. Après la naissance de la République tchécoslovaque, en 1918, la tradition du théâtre de marionnettes s’est développée notamment grâce aux membres du mouvement gymnique des Sokols. Depuis l’arrivée des communistes au pouvoir, en 1948, celle-ci a été massivement soutenue par les autorités qui en ont fait un intéressant article d’exportation. »

Selon l’hebdomadaire Respekt, même aujourd’hui, face à des animations sophistiquées et à toute sorte de divertissements d’ordre numérique, les marionnettes gardent leur raison d’être, car elles ne cessent de séduire les enfants en stimulant leur imagination. Mais la concurrence s’annonce rude.