Le Parti civique démocrate (ODS) rejette le radicalisme de Václav Klaus

Václav Klaus junior, photo: Jana Přinosilová, ČRo

Cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée revient tout d’abord sur l’exclusion de Václav Klaus junior du Parti civique démocrate (ODS), la principale formation de droite en République tchèque que son père, l’ancien président Václav Klaus, a pourtant lui-même créé au début des années 1990. Nous nous intéresserons également aux réactions qui ont suivi le premier tour de l’élection présidentelle en Slovaquie, au 80e anniversaire de l’invasion de l’ancienne Tchécoslovaquie par les troupes nazies ou encore à l’engagement des jeunes Tchèques pour la protection du climat.

Václav Klaus junior,  photo: Jana Přinosilová,  ČRo
Personnalités clés respectivement du Parti civique démocrate (l’ODS) et du Parti social-démocrate (ČSSD), deux des principaux partis présents sur la scène politique tchèque depuis la chute du régime communiste en 1989, Václav Klaus et Miloš Zeman sont aussi leurs principaux ennemis. C’est ce qu’estime le quotidien Lidové noviny suite à la décision prise par la direction de l’ODS d’exclure de ses rangs Václav Klaus, le fils de l’ancien président tchèque, fondateur du premier parti de droite de l’ère post-communiste en République tchèque. On peut lire :

« Le départ de Václav Klaus junior sera douloureux pour l’ODS, mais le parti ne pouvait pas agir autrement. Le conflit entre sa direction et son membre le plus marquant et le plus visible est un conflit qui touche à l’orientation idéologique et aux valeurs que le parti veut défendre. Ainsi, l’ODS a fait savoir que tout en rejetant la vision de l’Europe telle qu’elle a été dessinée par Emmanuel Macron, il dénonçait aussi la comparaison faite par Václav Klaus entre la lettre ouverte du président français aux Européens avec Mon combat (Mein Kampf) d’Adolf Hitler. En agissant de la sorte, l’ODS a également démontré qu’il n’entendait pas se rapprocher du parti d’extrême droite SPD ou des communistes. »

L’exclusion de Václav Klaus junior n’est pas seulement la conséquence de déclarations jugées inacceptables par l’ODS, parmi lesquelles également le parallèle fait entre la transposition de directives européennes dans le droit national et la déportation des Juifs imposée par les nazis pendant la guerre. Selon la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt, cette exclusion était prévisible, car le discours populiste de Klaus est très éloigné de toute politique conservatrice. Le magazine estime lui aussi que les prochaines semaines seront difficiles pour la direction de l’ODS, car le fils de l’ancien chef de l’Etat tchèque possédait beaucoup de sympathisants au sein du parti :

« Que l’on soutienne la droite ou la gauche, constater que l’ODS mise désormais sur des politiciens assez cultivés qui laissent en marge les radicaux est une excellente nouvelle. De même, le Parti social-démocrate a connu récemment un processus similaire. Parviendra-t-on un jour à élever le niveau de la politique locale de telle manière qu’au lieu d’attaques fatales contre le caractère de l’Etat, on assistera à un véritable échange d’idées ? »

L’élection présidentielle slovaque vue de Tchéquie

Zuzana Čaputová et Maroš Šefčovič,  photo: ČTK/Martin Mikula
Au cours des deux semaines qui précèdent le deuxième tour de l’élection présidentielle slovaque, on peut s’attendre à un duel politique rarement vu en Europe centrale. C’est le constat fait par l’auteur d’une analyse publiée ce mardi dans le quotidien Hospodářské noviny qui se penche sur le match qui oppose les deux candidats en lice, Zuzana Čaputová et Maroš Šefčovič :

« Les allocations familiales ou la hausse des pensions de retraite ne semblent pas être les principaux sujets mis en avant au cours de la campagne. La principale attaque contre la favorite de l’élection, Zuzana Čaputová (près de 40 % des voix au premier tour), se déroule au niveau culturel et éthique ce que les débats télévisés ont confirmé. Ce sont les aspects culturels que les Slovaques prennent, et vont prochainement prendre en compte, car les arguments d’ordre social et économique dans des pays assez riches, comme la Slovaquie, la Tchéquie ou la Pologne, n’ont plus le poids qu’ils avaient par le passé. »

« Tous ceux qui en Tchéquie ont salué le succès de Zuzana Čaputová au premier tour de l’élection présidentielle slovaque ont en même temps ressenti un brin d’amertume en se demandant pourquoi une telle chose n’était pas possible chez eux », remarque l’auteur d’une note publiée sur le site novinky.cz. Un article publié dans l’hebdomadaire Reflex indique pour sa part :

« Le triomphe de la candidate libérale Zuzana Čaputová au premier tour a deux causes. D’abord, l’élection présidentielle a lieu seulement un an après l’assassinat du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée Martina Kučnírová, un événement qui a été traumatisant. Ensuite, une grande partie de la société s’est détournée du gouvernement de Robert Fico et de son parti Smer, éclaboussé par toutes sortes de scandales. Après la crise de l’année dernière, les gens n’ont pas opté pour les partis d’opposition mais ont cherché quelque chose de nouveau, d’inédit. Voilà ce qui explique aussi le succès de Čaputová. L’histoire de cette activiste, inconnue il y a quelques mois encore pour la majorité des Slovaques, s’inscrit parfaitement dans cette aspiration. Il ne leur a fallu que très peu de temps pour se laisser séduire par cette histoire. »

Deux réflexions sur l’invasion de la Tchécoslovaquie par les nazis, 80 ans après

Mars 1939
« Ce jour là, le ciel était gris, la neige et la pluie s’abattaient sur Prague. Difficile d’imaginer le sentiment de désespoir, de haine et de peur qu’éprouvaient le 15 mars 1939 les Tchèques, lorsque les occupants nazis sont entrés dans la capitale tchèque. Fini l’espoir de l’existence d’une république démocratique indépendante, économiquement développée. » C’est ainsi que l’auteure d’un texte publié dans le quotidien Lidové noviny de samedi dernier décrit le début de l’occupation de l’ancienne Tchécoslovaquie par les nazis avant de souligner :

« On peut souvent entendre des gens se plaindre, dénonçant le prétendu manque d’héroïsme de la nation tchèque et estimant qu’elle n’a pas lutté après les accords de Munich. Cela me gêne, car ce n’est pas vrai et il existe des témoignages qui le prouvent. Ce sont des soldats tchèques et slovaques, par exemple, qui ont eu le courage de préparer l’attentat contre le protecteur du Reich dans lequel beaucoup de gens courageux ont été impliqués. La nation était solidaire, car elle avait un ennemi commun. Existe-t-il en Europe un Etat comme la Tchécoslovaquie qui a été abandonné par ses alliés au moment où ceux-ci étaient appelés à respecter leurs engagements ? Cette chose est tellement honteuse qu’il est impossible de l’oublier entièrement même 80 ans plus tard. Le fait que l’on admire l’esprit français et qu’on apprécie la démocratie britannique n’y change rien. »

L’auteur d’un texte mis en ligne sur le site aktualne.cz porte sur ce même événement un regard plus nuancé signalant que l’année 1939 n’a pas été le début de la fin de la démocratie :

« 80 ans après, il y a lieu d’évoquer cette période de notre histoire avec plus de prudence et d’éviter toute tendance à la déculpabilisation... Force est de constater que nous avons nous-mêmes contribué au démantèlement du système démocratique. La Deuxième république qui désigne la période qui suit l’adoption des Accords de Munich signés fin septembre 1938 et qui n’a duré que 167 jours avait effectivement plus d’un trait fascisant : l’élimination des partis politiques, la censure, l’interdiction de critiquer le gouvernement et l’Allemagne dans les médias, d’importantes restrictions professionnelles pour les Juifs.La période la plus sombre de l’histoire tchèque a commencé bien avant l’occupation du pays. »

Une expérience, comme le remarque l’auteur de ce texte, dont il s’agit de tirer des leçons pour qu’une telle situation ne puisse pas se répéter.

Les jeunes Tchèques eux aussi préoccupés par le changement climatique

Manifestation des édudiants,  photo: ČTK/Jaroslav Ožana
De concert avec leurs collègues du monde entier, les jeunes Tchèques ont également revendiqué, vendredi dernier, une justice climatique. Critiqué par certains scientifiques et académiciens, cet engagement a pourtant joui du soutien d’une grande partie d’entre eux. Le climatologue Alexander Ač a expliqué pourquoi au quotidien Deník N :

« Mes motivations sont les mêmes que celles des édudiants. Je veux dire par là que les accords, les conventions, les promesses, les négociations menées au niveau international au cours des trente dernières années n’ont pas abouti à un ralentissement du changement climatique. Bien au contraire : la croissance des émissions de gaz à effet de serre se poursuit à une vitesse accélérée. Les conséquences du changement climatique sont dangereuses, sans parler de celles qui sont imprévisibles. On ne saurait ignorer ces manifestations non violentes, organisées à l’adresse des politiciens toutes orientations politiques confondues et qui ont pour seule motivation les craintes authentiques pour l’état de la planète à attendre au cours des décennies et des siècles à venir. »

D’après ce scientifique, ces manifestations témoignent de ce que les enfants et les jeunes n’ont pas encore perdu l’espoir de changer le monde pour qu’il devienne meilleur. Cet espoir que beaucoup d’adultes ont, pour de multiples raisons, déjà perdu.