Le Parti social-démocrate (ČSSD) veut se moderniser

Photo: ČTK/David Taneček

Cette nouvelle revue de presse propose d’abord quelques observations en rapport avec l’ambition du Parti social-démocrate de devenir un parti moderne. La hausse de la cote de popularité du mouvement ANO et l’histoire du prêtre Josef Toufar, 70 ans après sa mort, seront deux autres sujets traités. Il sera également question de certaines réticences liées à l’appellation simplifiée de la République tchèque et de la présence de la main d’œuvre étrangère sur le marché de travail local.

Photo: ČTK/David Taneček
Quelles chances pour le Parti social-démocrate (ČSSD) de devenir une social-démocratie moderne ? Une interrogation soulevée par une analyse qui a été publiée dans le quotidien Deník N à la veille de la tenue, ces vendredi et samedi, du congrès de ce parti gouvernemental dont l’un des moments importants sera, entre autre, l’élection d’une nouvelle direction. Son auteur explique :

« Le chef du ČSSD, Jan Hamáček, souhaite voir à ses côtés des politiciens proeuropéens jeunes, espérant reconquérir certains des anciens sympathisants qui ont progressivement tourné le dos au parti. Le chef de la diplomatie Tomáš Petříček, candidat au poste de vice-président du parti, espère pour sa part le transformer en une formation répondant aux impératifs du XXIe siècle en allant puiser des inspirations auprès des sociaux-démocrates de Scandinavie ou de certains autres pays de l’Europe de l’Ouest. Cette ambition mérite d’être saluée, car la Tchéquie a effectivement besoin d’un parti social-démocrate moderne. Mais elle paraît presque impossible, car en dépit de son appellation et son histoire remontant à la période d’entre -deux-guerres à laquelle il se réfère, le ČSSD tel qu’il a été reconstitué après la chute du régime communiste en 1989 n’a presque rien à voir avec les véritables tendances social-démocrates. »

Selon l’auteur du texte dans Deník N, « tout porte ainsi à croire que si un parti de gauche démocratique authentique doit voir le jour en Tchéquie, cela se passera en-dehors du cadre du Parti social-démocrate. »

La cote de popularité du mouvement ANO en hausse

Andrej Babiš,  photo: ČTK/Ondřej Deml
Les résultats d’une enquête qui ont été publiés cette semaine montrent la hausse du soutien au mouvement ANO d’Andrej Babiš. Avec près de 33% des intentions de vote, il dépasse largement ses principaux opposants, le parti Pirate et l’ODS (Parti civique démocrate). Le tout au moment où ANO est un parti au pouvoir ce qui, d’habitude, ne profite pas aux acteurs concernés. Et ce, en dépit des scandales qui accompagnent le Premier ministre, et malgré des problèmes liés à certains membres de son cabinet qui sont largement méditatisés. Quelle est la recette du succès d’Andrej Babiš ? Le magazine Respekt a donné quelques explications :

« Le chef de gouvernement profite du cycle économique favorable qui lui a permis de mettre sur pied une valorisation sans précédent des pensions de retraite et d’accorder d’importantes subventions pour les transports en commun aux personnes âgées et aux étudiants. Il n’est donc guère étonnant que les personnes de plus de 60 ans constituent près de la moitié de l’électorat de Babiš. Le mouvement ANO évite également les grandes réformes qui risquent de déplaire aux gens de cette même catégorie d’âge. De même, Andrej Babiš maîtrise à perfection le marketing politique. Tous ces aspects ont contribué à ce que les gens soient convaincus qu’avec lui, on vit bien. »

Selon le magazine Respekt, Le mouvement ANO profite également de l’impuissance de ses adversaires. Par ailleurs, celle-ci pourrait encore se poursuivre, car Andrej Babiš a récemment déclaré que compte tenu de ses grands projets, il entend diriger le pays pour un prochain mandat de quatre ans. Au vu de l’évolution de la scène politique locale depuis ces six dernières années, il est d’ailleurs fort probable qu’il y parvienne. « L’unique adversaire sérieux étant à même d’inverser la donne, ce serait une éventuelle récession dont on parle», conclut l’hebdomadaire.

Le phénomène Josef Toufar 70 ans après

 Josef Toufar,  photo: ČT
Torturé à mort dans une prison, le prêtre catholique Josef Toufar est devenu, à l’âge de 48 ans, l’une des premières victimes de la terreur communiste dans l’ancienne Tchécoslovaquie. « Cette mort survenue le 25 février 1950 se présente comme une défaite absolue. Toutefois, elle ne l’est pas vraiment, car elle montre un espoir, donne un témoignage de ce que la vérité finit par l’emporter, » peut-on lire dans un article publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui a écrit également à ce propos :

« 70 ans après, l’histoire de Josef Toufar attire plus que jamais l’attention du public. Elle touche étonnamment les gens de tous les groupes sociaux. L’église de Čihošť, commune située à une centaine de kilomètres de Prague, où le prêtre exerçait son ministère, est spontanément devenue un lieu de pèlerinage accueillant régulièrement des milliers de pélerins. L’Eglise catholique, quant à elle, a ouvert en 2013 le processus de béatification du prêtre, une façon d’accentuer encore davantage l’importance des valeurs qu’il défendait. Josef Toufar est le protagoniste d’un livre qui a été publié aussi en Italie et en Pologne, il a également inspiré une pièce de théâtre, un opéra, des tableaux, des sculptures, des émissions télévisées. »

Une leçon à tirer de ce phénomène ? Pour l’auteur de l’article, c’est le constat que ce sont les histoires réelles qui permettent de comprendre le mieux le caractère d’une époque.

A qui déplaît l’appellation simplifiée de la République tchèque ?

La visite du Premier ministre tchèque Andrej Babiš à la Maison blanche prévue le 7 mars prochain offre une excellente occasion de trancher, enfin, la schizophrénie qui règne autour de l’appellation de la République tchèque. Le fait que la majorité des Américains y compris probablement le président américain Donald Trump ne connaissent pas le nom simplifié du pays, Czechia, est un manquement impardonnable des politiciens tchèques qui refusent de l’utiliser. C’est du moins ce qu’estime l’auteur d’une note mise en ligne sur le site aktualne.cz qui rappelle :

« Cette année, trois ans se seront écoulés depuis que les dirigeants tchèques ont annoncé l’enregistrement de l’appellation géographique raccourcie de la République tchèque, Česko (Tchéquie, en français), dans les principales langues de l’ONU. Après l’adoption de cette démarche par le gouvernement, cette nouvelle appellation a été reconnue au niveau international en juillet 2016. La Tchéquie est le dernier des Etats de l’Europe centrale et de l’Est nouvellement créés après 1990, à l’exception de la Macédoine, à avoir pris une telle décision. Mais à la différence des autres Etats qui ont commencé à utiliser leurs noms simplifiés, les représentants et les institutions tchèques n’ont pas pris cette habitude. Et ceci en dépit du fait que la population tchèque semble s’y être habituée assez facilement. »

L’auteur de la note publiée sur le site aktualne.cz remarque que la standardisation et la reconnaissance du nom de la Tchéquie n’étaient pas aléatoires, mais qu’elles ont été le fruit d’une approche méthodique. Pour lui, il ne fait aucun doute que cette appellation simplifiée et pratique finira par s’imposer pour de bon. On ne saurait cependant dire quand cela va arriver.

La main d’œuvre étrangère sur le marché du travail tchèque

Photo: Michael Gajda,  Pixabay / CC0
Les chiffres sont éloquants. Les ressortissants étrangers représentent près de 10% de l’ensemble de la main d’œuvre sur le marché de travail tchèque et 20% de celle présente à Prague. Sans leur contribution, la Tchéquie serait déficitaire. Mais, comme l’indique un texte publié dans l’hebdomadaire Ekonom, cela n’empêche pas les acteurs politiques de mener contre eux une lutte politique acharnée :

« Les politiciens raisonnables devraient accepter l’afflux inévitable de ressortissants étrangers et chercher des régulations en vue de garantir la sécurité, le profit économique et une bonne intégration. Au lieu de cela, on a affaire à une politique quelque peu hystérique contre les étrangers qui a été fortement accentuée par la crise migratoire. Et tandis qu’à ses débuts, en 2015, le gouvernement a accepté d’accueillir 1 500 migrants, aujourd’hui, le cabinet d’Andrej Babiš proclame ne pas vouloir ne serait-ce qu’un seul réfugié. Or, cette crise a eu également un impact sur la migration d’ordre économique. De ce fait, les entreprises font aujourd’hui face à un déficit de 300 000 à 400 000 travailleurs. Le développement du travail illégal, le nombre de travailleurs illégaux étant évalué à 250 000 à l’échelle nationale, est une autre conséquence logique de cette approche. »

Et pourtant, toujours selon le magazine Ekonom, les solutions pourraient être assez simples, si les politiciens ne jouaient pas la carte de la peur des étrangers.