L’engagement tchèque dans les missions militaires à l’étranger ne fait pas l’unanimité

Des soldats tchèques en Afghanistan

Cette nouvelle revue de presse propose d’abord deux regards sur l’engagement militaire tchèque en Afghanistan. Elle vous donnera ensuite une réponse à la question de savoir ce que le refus catégorique d’accueillir des migrants a comme conséquences pour l’économie tchèque. Autre sujet traité : les interrogations autour du poste de chef de la diplomatie tchèque. Quelques mots enfin au sujet de l’apparition à Brno d’un premier gang d’adolescents.

Des soldats tchèques en Afghanistan | Photo: Jan Kouba,  Armée tchèque
La mort de trois soldats tchèques tués dimanche dernier dans un attentat-suicide en Afghanistan et dont les dépouilles ont été rapatriés mercredi, a soulevé une forte vague d’émotion dans le pays et donné lieu à de multiples hommages sur la scène politique. L’événement tragique a également offert l’occasion aux représentants de deux partis représentées au Parlement de dénoncer la présence tchèque en Afghanistan. D’après Tomio Okamura, leader du parti d’extrême droite SPD, la mort de ces soldats était inutile, car « cela fait déjà longtemps qu’ils ne devraient plus être en Afghanistan ». Les communistes prétendent, eux, que les soldats tchèques à l’étranger servent les intérêts des « impérialistes ». Un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny remarque dans ce contexte :

« Cette vision des choses est dégoûtante et cynique, notamment par rapport à la douleur des familles des soldats tués. Où est donc la piété, où est la simple compassion humaine ? Le problème est que le SPD et les communistes représentent près de 20 % des électeurs et il est probable que ceux-ci considèrent la mort des trois soldats de la même manière. »

L’auteur du texte explique que l’engagement tchèque dans les missions à l’étranger découle de l’appartenance du pays à l’OTAN et entre dans le cadre de la défense collective, fondamentale pour l’Alliance. Favorable à un désangagement, Tomio Okamura défend l’idée d’une sortie de la République tchèque de l’OTAN. Le tout au moment où, de l’avis des experts, l’armée tchèque, qui compte près de 25 000 soldats, ne saurait défendre ne serait-ce qu’une seule région du pays en cas de conflit. L’auteur conclut :

« Une sortie de l’OTAN menacerait la sécurité du pays. Seuls des irresponsables mal informés ou qui envisagent de collaborer avec une puissance dont les chars ont envahi notre pays en 1968 peuvent imposer une telle démarche. »

Un autre regard sur la guerre en Afghanistan

Kabul,  Afghanistan,  photo: Christian Falvey
La situation en Afghanistan fait l’objet aussi d’une analyse mise en ligne sur le site novinky.cz. Son auteur rappelle que c’est dans ce pays que les Etats-Unis mènent la guerre la plus longue de leur histoire, les combats faisant rage depuis dix-sept ans déjà sans que l’on puisse voir une lumière au bout du tunnel. Ce qui manque, selon lui, c’est une stratégie claire et efficace :

« Les Talibans poursuivent leurs attaques qui visent notamment les soldats afghans et alliés. Il faut donc se demander s’il était raisonnable d’attaquer l’Afghanistan après les défaites essuyées d’abord par les Britanniques puis par les Soviétiques. Pourtant, cette intervention était une réponse aux attentats du 11 septembre 2001, car il fallait montrer aux islamistes radicaux que l’Occident ne se laissait pas faire ».

Toujours selon l’auteur du texte, il convient également de se demander si l’Occident et les Etats-Unis choisissent bien leurs alliés – un doute qui concerne notamment l’Arabie Saoudite et le Pakistan - et s’ils sont en mesure d’évaluer les retombées de leurs actes. Cela dit, on ne saurait réécrire l’histoire et il ne reste donc qu’à poursuivre les combats. Il explique :

« La raison est simple : une défaite des Etats-Unis en Afghanistan renforcerait immédiatement les djihadistes dans les autres régions du monde. C’est là quelque chose que l’on ne peut pas souhaiter même si ceux-ci voulaient épargner les pays occidentaux. Leur montée en puissance aurait pour conséquence de nouvelles vagues de migrants. »

A qui bon refuser d’accueillir des migrants ?

Photo illustrative: CAFOD,  CC BY-NC-ND 2.0
La Tchéquie compte parmi les pays qui ont déclaré qu’ils n’accueilleraient pas de migrants. D’après ce que rapporte l’hebdomadaire Ekonom, la position du Premier ministre Andrej Babiš est dépourvue de logique. C’est en effet lui-même qui, en 2015, en tant que ministre des Finances, avait plaidé en faveur de l’accueil de migrants sur le marché du travail. Le journal précise :

« L’engagement volontaire d’accueillir des migrants n’était pas motivé seulement par la solidarité et l’humanité, mais aussi par un calcul économique. La Tchéquie est un des plus grands bénéficiares des subventions européennes. Voilà pourquoi aucun gouvernement raisonnable ne devrait dire un non catégorique à ceux qui les accordent. Mais c’est exactement ce que Prague est en train de faire en refusant d’accueillir quelque dizaines de migrants, et en dépit de la contribution de 6 000 euros proposée pour l’accueil de chaque migrant par la Commission européenne. »

Cette position apportera, certes, des points politiques au chef de gouvernement, mais, comme le constate le journal, causera aussi des dégâts économiques.

La diplomatie tchèque affaiblie

Le ministère des Affaires étrangères,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la Tchéquie a besoin d’un chef de la diplomatie. C’est ce que signale un texte publié dans l’hebdomadaire Respekt, qui constate que, depuis près de sept mois, le ministère des affaires étrangères ne possède plus de chef à proprement parler. En effet, le poste est provisoirement occupé par Jan Hamáček, également ministre de l’Intérieur qui, de ce fait, partage son temps et ses activités entre les deux secteurs. C’est là la conséquence du refus du président de la République, Miloš Zeman, de nommer Miroslav Poche, le candidat proposé par le Parti social-démocrate ; une candidature à laquelle son chef Jan Hamáček tient particulièrement. Le magazine rappelle :

« A une certaine époque, le ministère des Affaires étrangères était reconnu comme une institution importante et lisible. Après la chute du régime communiste, il a renoué avec les idées de la Charte 77 et soutenu les dissidents dans les pays totalitaires. Les droits de l’homme et le partage des expériences liées à l’édification d’une société libre constituaient un chapitre important de l’agenda de la diplomatie tchèque. Au fur et à mesure, cette politique s’est affaiblie. Depuis la mort de Václav Havel en 2011, c’est une diplomatie davantage économique qui prédomine. »

L’auteur du texte considère qu’il est difficile, aujourd’hui, de définir les priorités de la diplomatie tchèque. Pourtant, celle-ci devrait être forte pour pouvoir participer aux grands défis de l’Union européenne comme la crise des migrants ou les réformes envisagées en son sein. D’après ce qu’il écrit, « la situation actuelle profite à la fois au Premier ministre Andrej Babiš et au président Miloš Zeman, car elle leur permet d’orienter la diplomatie à leur guise ».

Un premier gang d’enfants en Tchéquie

Le gang d'enfants de Brno,  photo: Facebook
Un gang comptant près de 130 jeunes et adolescents sème la peur et terrorise les habitants de Brno, capitale de la Moravie du Sud, tant les adultes que les enfants. Cette information a été révélée par le quotidien Mladá fronta Dnes, qui l’a accompagnée d’un commentaire qui la situe dans un plus large contexte :

« En Tchéquie, l’existence de bandes d’adolescents agressifs n’est pas tout à fait exceptionnelle. Ce qui est nouveau, c’est le nombre de jeunes qui font partie du groupe qui, à Brno, mène toutes sortes d’attaques et d’agressions. Compte tenu du fait que ce groupe a déjà un nom, qu’il est bien structuré avec un chef à sa tête, il s’agit bien d’un véritable gang. »

L’univers des gangs a sa propre logique que les Tchèques, qui vivent dans un pays paisible, ne connaissent heureusement que de la littérature. C’est la raison pour laquelle les habitants de Brno se sentent menacés, ne comprenant pas très bien ce qui se passe chez eux. L’auteur du texte observe que ces activités criminelles organisées risquent de devenir un premier signe des prochaines grandes difficultés. Voilà pourquoi les institutions responsables tant au niveau communal que national sont appelées à porter une grande attention à ce phénomène.