Les eurodéputés tchèques sont unanimes : le « Brexit » serait une mauvaise chose

Les eurodéputés tchèques s’inquiètent d’un possible « Brexit ». Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a présenté à Prague certaines de ses idées en rapport avec la présidence slovaque à venir du Conseil de l'Union européenne. Les Tchèques redécouvrent leur traditionnel goût pour les résidences secondaires à la campagne. La consommation d’alcool en Tchéquie est toujours très élevée, en dépit de l’affaire de l’alcool frelaté qui a tué en 2012 des dizaines de personnes. Les supporters tchèques ne participeront pas probablement en grand nombre à l’Euro 2016. Tels sont les sujets retenus pour cette revue de presse de la semaine.

Le site lidovky.cz a publié les résultats d’une enquête effectuée par l’agence de presse ČTK à Strasbourg auprès des eurodéputés tchèques et concernant leur regard sur l’éventualité de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, ainsi que sur les retombées que le « Brexit » aurait pour la République tchèque et sur la scène internationale. A une quinzaine de jours du fameux référendum, les eurodéputés interrogés sont tous d’accord pour dénoncer les conséquences négatives d’une telle décision constatant qu’elle apporterait des problèmes à la monarchie britannique elle-même. Aussi s’attendent-ils à l’unisson à un résultat très serré. Dans l’article consacré à ce sondage, on peut aussi lire :

« Selon l’économiste Luděk Niedermayer du parti de droite TOP 09, le « Brexit » ne profiterait ni à la Grande-Bretagne, ni au reste du monde. Cela dit, il pourrait contribuer à ce que les gens se rendent enfin compte des valeurs portées par l’Union européenne. Pour la député Dita Charanzová du mouvement ANO, la perte de la Grande-Bretagne qui est, selon ses propres mots, ‘un allié traditionnel de la Tchéquie dans de nombreux domaines’, constituerait pour l’Union européenne ‘une amputation très douloureuse’. Le sociologue Jan Keller du parti social-démocrate (ČSSD) craint pour sa part que la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union donnerait une impulsion à une vague de référendums dans d’autres pays. »

L’eurodéputé Jan Zahradil du Parti civique démocrate (ODS), un parti de droite connu pour ses positions eurosceptiques, estime qu’il serait dommage de voir affaiblir au sein de l’Union la voix des Britanniques, car ils sont « partisans du marché intérieur et de la dérégulation ».

C’est sur le même site que l’on a pu également lire une analyse se penchant sur le scepticisme et la méfiance croissants à l’égard de l’Union européenne qui « mutilent le continent depuis le Nord au Sud et depuis l’Est à l’Ouest ». D’après son auteur, Jan Macháček, qui se réfère aux résultats des récents sondages réalisés dans plusieurs pays de l’Europe occidentale, « renouveler la confiance envers l’Union Européenne constitue le plus important défi auquel sont confrontés les représentants politiques pro-européens ». Et de conclure qu’ils sont pour l’instant perdants, tandis que les partis anti-européens ont le dessus ».

Robert Fico à Prague à la veille de la présidence slovaque de l’UE

Robert Fico et Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
« Le chef de gouvernement slovaque, Robert Fico, n’est pas venu en Tchéquie seulement pour y effectuer sa traditionnelle première visite étrangère depuis son investiture, mais aussi en tant que Premier ministre du pays qui va présider vers la fin de ce mois l’Union européenne. » C’est ce que souligne un article publié dans l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes qui est consacrée à cette visite. Son auteur, Luboš Palata, écrit :

« Après les conversations avec son homologue tchèque Bohuslav Sobotka, lequel a promis de s’engager en faveur du transport ferroviaire entre Berlin, Prague, Bratislava et Budapest, Fico a dépeint, lors des négociations avec les premiers ministres des pays du Groupe de Visegrád, une image sombre de l’avenir de l’Union européenne. D’après lui, celle-ci est en train de se disloquer et de se désagréger. Mais Fico a en même temps omis d’admettre que les pays comme la Slovaquie ou la Hongrie ont pu contribuer à cette situation avec leurs positions lors de la crise migratoire. »

L’article publié dans Mladá fronta Dnes a aussi mis en relief la volonté déclarée de Bratislava de défendre, en dépit de son refus catégorique de la répartition obligatoire des migrants au sein de l’Union, une « politique migratoire et d’asile durable et réelle ». En conclusion, Luboš Palata remarque :

« Tout en parlant dans le même esprit que Fico, son homologue tchèque Bohuslav Sobotka a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas seulement insister sur les problèmes que rencontre l’Union européenne, mais aussi sur les défis qu’elle a réussi à relever avec succès. »

Lorsque l’alcool devient un problème

Photo: Kristýna Maková
En 2012, la vague d’intoxication à l’alcool frelaté au méthanol a fait en Tchéquie plus d’une quarantaine de victimes et des dizaines de blessés graves, dont certains sont devenus aveugles. Les plus touchées ont été les régions situées dans le nord-est du pays. Le journal Lidové noviny a voulu savoir si cette affaire a modifié le rapport des Tchèques à l’égard de l’alcool en donnant la parole à Petr Popov, chef de la Clinique d’addictologie de Prague qui souligne notamment :

« La consommation d’alcool n’a pas baissé depuis. L’affaire de l’an 2012 aurait pu amener une discussion sur le fait que les Tchèques boivent beaucoup trop et que c’est dangereux. Toutefois, il n’en a rien été ou presque. Le fait que les gens sont désormais plus attentifs à ce qu’ils boivent ne suffit pas, car c’est la consommation élevée d’alcool qui est en elle-même alarmante. Persuader les gens qu’il est normal de ne pas boire, c’est un travail pour des générations. Je n’entends pas par là la prohibition ou une abstention totale. J’insiste cependant sur ce qu’il n’est pas acceptable que l’on boit à n’importe quelle occasion, car la consommation d’alcool devrait être réservée à des occasions exceptionnelles. »

Petr Popov dénonce le fait qu’il n’y a plus dans le pays, comme c’était le cas auparavant, d’institutions s’occupant sérieusement du problème de l’alcool. C’est également la publicité qui joue d’après lui dans ce sens un rôle néfaste. Or, le soutien de l’alcool dans l’espace public est aujourd’hui, d’après ses propres mots, sans borne, le tout dans une situation où le nombre de personnes pour lesquelles l’alcool devient un problème n’a de cesse de monter. Ce qui mérite en revanche d’être vu d’un œil positif, c’est le fait que l’addictologie ait pu être reconnue comme une discipline légitime.

Les Tchèques redécouvrent le plaisir des résidences secondaires

Photo: Miloš Turek
Les résidences secondaires, chalets et maisons de campagne, sont de nouveau en vogue en Tchéquie. C’est ce que signale l’hebdomadaire Respekt sur la base de données des agences immobilières. Le nombre de biens immobiliers en question qui ont été vendus au cours du premier trimestre de cette année, comparé à l’an 2014, a augmenté de plus de 40%. Ce sont les maisons et les chalets situés à moins de 50 kilomètres de Prague ou encore dans le sud de la Bohême qui se vendent le mieux. Il n’est donc pas étonnant d’observer une hausse radicale du prix des maisons de campagne allant de pair avec cette tendance. L’auteur du texte, Petr Horký, explique plus loin :

« Le goût des Tchèques pour les chalets et les maisons de campagne qui servent comme des résidences secondaires constitue un phénomène national spécifique. Ses débuts remontent aux années 1920 et 1930, à l’époque de l’épanouissement du tramping dans les pays tchèques. La deuxième vague de leur popularité est venue après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, car beaucoup de maisons que les Allemands des Sudètes ont dû abandonner à cause de leur expulsion, ont été disponibles à des prix très bas. Mais le plus grand boom de ce phénomène est survenu dans les années 1960. A cette époque-là, les Tchèques ont pris l’habitude de quitter pendant les week-ends les grandes villes pour se réfugier à la campagne, une façon de se sauver des restrictions imposées par le régime communiste. »

Dans les années 1990, après la chute du régime communiste, l’intérêt pour les résidences secondaires a considérablement baissé. Les générations qui ne pouvaient pas voyager à l’étranger auparavant, cherchaient à rattraper le retard. Les raisons de la renaissance de cet intérêt qui se manifeste aujourd’hui sont multiples. Selon le magazine Respekt, ce sont entre autres les nouvelles technologies qui permettent de travailler chez soi, donc aussi à la campagne, et les prêts hypothécaires bon marché qui encouragent cette tendance. La situation sécuritaire internationale entrerait également en jeu, les gens évitant souvent leurs traditionnelles destinations estivales, comme la Turquie et l’Egypte, mais aussi la Grèce et l’Italie.

L’Euro 2016 et la prudence des supporters tchèques

La police française,  photo: ČTK
« L’Euro 2016 est en train de démarrer. Le tournoi qui représente un carnaval sportif coloré et qui est joyeusement attendu tant par la France qui l’organise que par le reste du continent est cette fois-ci accompagné de graves craintes sécuritaires. » C’est ce que souligne en introduction un des nombreux textes qui ont été ce consacrés ce vendredi dans la presse écrite et en ligne à l’ouverture du Championnat européen de football et qui a été publié sur le site aktuálně.cz. Dans ce contexte, son auteur remarque :

« Les craintes d’une éventuelle attaque terroriste sur le territoire français ont fortement amoindri l’intérêt des supporteurs tchèques de suivre le tournoi sur place. Tandis que d’habitude, ces derniers désespèrent faute de tickets disponibles pour les matchs de la ‘Reprezentace’ et de ses vedettes telles que Petr Čech ou Tomáš Rosický, aujourd’hui, la situation est différente. Sur internet, l’offre de tickets prévaut clairement sur la demande. Mais outre des risques sécuritaires, ce sont aussi les critères financiers qui sont aussi responsables de cette réticence. »

Toutefois, l’auteur rappelle que le premier entraînement de la sélection tchèque à Tours a été suivi par près de quatre mille de ses supporteurs. Il estime donc que l’on peut s’attendre à ce que son premier match, disputé lundi contre l’Espagne, sera joué devant un public comprenant nombre de supporteurs tchèques.