Les Tchèques devraient être des gens heureux, mais ils ne le sont pas

Photo illustrative: Štěpánka Budková

Selon des critères objectifs, la Tchéquie devrait être un pays de gens heureux, mais elle ne l’est pas vraiment. Pourquoi en est-il ainsi ? Cette nouelle revue de presse apportera des éléments de réponse. Nous verrons aussi pourquoi Prague est une des régions en Europe où il fait bon vivre, avant d’évoquer la question de la sécheresse, le débat autour du sport de haut niveau et la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Photo illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
L’ONU a publié un nouveau Rapport annuel du bonheur (World Hapiness Report), un classement des pays les plus heureux du monde dans lequel la République tchèque figure à la 21e place. Une position qui permet à l’auteur d’un commentaire publié dans le quotidien Hospodářské noviny de constater que « objectivement parlant, nous vivons dans un paradis, d’autant plus que la Tchéquie se classe onzième parmi les pays européens ». Or, en dépit de critères favorables pris en compte dans ce rapport, les Tchèques ne sont pas heureux. Tout au long de l’année écoulée, ils ont manifesté leur mécontentement :

« Lors des dernières élections législatives, ce sont majoritairement les partis qui s’opposent d’une manière ou d’une autre à l’évolution entamée après la chute du régime communiste, qui sont arrivés en tête. Le clivage au sein de la société s’est approfondi par la suite avec l’élection présidentielle. L’appartenance du pays à l’Union européenne est souvent mise en doute aussi, comme si les gens ne voulaient pas apprécier leur situation favorable à sa juste valeur. »

Quelle est alors la source du mécontentement et de l’agacement des Tchèques au moment où ils se portent mieux que jamais ? L’éditorialiste admet que mesurer le bonheur à partir de données quantifiées telles que le PIB, l’espérence de vie, la sécurité ou encore l’absence de corruption, est trompeur, car elles ne constituent que des conditions au bonheur. Le sentiment de « satisfaction ou de mécontnement sociétal » trouve donc sa source ailleurs. L’auteur de l’analyse conclut sur ces mots :

« A la lumière du négativisme généralisé et des craintes proliférées sur les réseaux sociaux, il semble impossible de faire une évaluation juste de l’état de la société tchèque. Il se peut que ce soit pour des raisons d’ordre métaphysique qu’elle ait décidé, en dépit des critères objectifs, de ne pas être heureuse. Ou peut-être, absorbée par des échauffourées et des jalousies, elle n’a pas pour le sentiment de bonheur assez de temps. »

Prague, une région européenne où il fait bon vivre

Photo illustrative: Ondřej Tomšů,  Radio Prague Int.
Avec un taux de chômage de 1,7%, Prague peut se targuer d’être une région européenne privilégiée. C’est ce que révèlent les dernières données d’Eurostat pour l’ensemble des 275 régions européennes. Le quotidien Mladá fronta Dnes écrit à ce propos :

« Tous ceux qui cherchent un emploi à Prague aujourd’hui ont la quasi-certitude d’en trouver un. On peut même dire que ceux qui sont au chômage ne le sont que de leur propre gré, le nombre de chômeurs involontaires étant très faible à Prague. Le taux de chômage, qui ne cesse de baisser dans l’ensemble de la République tchèque, et plus particulièrement dans la capitale, fait que les employeurs peinent à trouver la main-d’œuvre dont ils ont besoin. Selon les économistes, le taux de chômage est tellement bas qu’il ne peut pratiquement plus baisser davantage ».

Le PIB par habitant fait de Prague une des régions européennes les plus riches et les plus développées. Cela se traduit aussi au niveau salarial. Dans la capitale, les salaires sont d’environ 20% plus élevés que dans les treize autres régions du pays. Dans certains secteurs d’activité, cet écart est encore plus spectaculaire. Le journal Mlada frontá Dnes note que cette réalité concerne notamment la grande distribution, qui souffre d’une importante pénurie de vendeurs, ainsi que l’administration, la santé et l’éducation.

La sécheresse et ses conséquences

Photo: Magdalena Kašubová
Ce printemps en République tchèque est particulièrement chaud et sec. Les températures au mois d’avril n’avaient pas été aussi élevées depuis 1800. La sécheresse s’accentue malgré les orages et les précipitations qui ont arrosé le pays cette semaine. Cette année, la pénurie d’eau risque de toucher les agriculteurs, les jardiniers et les ménages, mais aussi des entreprises industrielles et énergétiques. Le météorologue Petr Dvořák s’est exprimé sur ce sujet pour le site lidovky.cz :

« Il s’agit d’un état très grave qui persiste depuis 2015, année durant laquelle la sécheresse fut dramatique. L’humidité se fait de plus en plus rare à cause de l’absence de neige et de températures élevées en hiver. Et les agriculteurs en constatent déjà les dégâts. La récolte de cette année dépend, en partie,de la quantité de précipitations et de leur répartition sur le territoire au cours du mois de mai. Mais malgré les chaleurs précoces, je suis optimiste en ce qui concerne l’évolution de la nature, car elle est très résistante. Pas de panique, la Tchéquie ne va pas se transformer en Sahara l’année prochaine.».

Selon Petr Dvořák, il n’existe pas de lien direct entre les températures extrêmes et le réchauffement global. Il estime toutefois que les caprices climatiques seront de plus en plus fréquents.

Le débat autour du sport de haut niveau

Photo: Petr Koukal
Le stress ainsi les souffrances physiques et psychiques. Ce sont les problèmes évoqués par la populaire biathlète tchèque Gabriela Koukalová, dans sa biographie Jiná (Une autre), dans laquelle, elle parle ouvertement de sa carrière sportive. Dès sa sortie, le livre a provoqué un large débat dans le pays autour des conséquences du sport de haut niveau surfemmes. Un sujet traité dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt:

« Beaucoup de personnes, des fonctionnaires, des journalistes, des sportifs, des fans et des psychologues se sont exprimés sur cette question en étayant des arguments très différents. Ils se sont pourtant tous mis d’accord sur le fait que le sport de haut niveau était mauvais pour les femmes. Dans cette logique, emprunter le chemin d’athlète professionnelle de haut niveau est une mauvaise décision qui entraine de lourdes conséquences pour les femmes. Le cas de la star tchèque de biathlon tchèque en est un témoignage flagrant. »

Il y a pourtant une théorie qui n’a pas été évoquée dans ce débat. Grâce à Gabriela Koukalová, qui a eu le courage de parler de ses angoisses, on sait désormais que le sport de haut niveau peut détruire les femmes. Mais, comme le remarque le magazine Respekt, cela peut être mauvais pour tous les sportifs professionnels, hommes et femmes confondus. Il l’illustre avec le cas du footballeur allemand Per Meresacker, qui s’est récemment confié aux médias sur ce sujet:

« La plupart des athlètes qui ont décidé de parler ouvertement ne se plaignent pas et ne regrettent rien. Le sport apporte gloire, respect, richesse et joie. En revanche, ils soulignent qu’il faut en payer le prix fort, aussi bien enfant qu’adulte.Et c’est une vérité qui n’a rien à voir avec le genre, car elle concerne autant les femmes que les hommes ».

La Journée mondiale de la liberté de la presse

Photo illustrative: yelnathalie / Pixabay,  CC0
La liberté des médias est en recul. Dans de nombreux pays, les journalistes doivent faire face à des menaces physiques et à la censure, ainsi qu’à l’abus de fake news.. C’est ce que constate un texte publié dans le journal en ligne Deník Referendum, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce 3 mai:

« Le classement par pays publié il y a quelques jours par Reporters sans frontières témoigne de la restriction dramatique de la liberté de la presse dans le monde. Une tendance qui se manifeste même dans des pays jugés démocratiques et en situation de paix. Elle touche aussi certains états européens, parmi lesquels figurent la République tchèque et la Slovaquie. Le recul de la liberté en Tchéquie est lié à la concentration ‘critique’ du pouvoir médiatique entre les mains des oligarques, ainsi qu’à l’augmentation des attaques verbales des représentants politiques contre les journalistes. »

D’après ce journal, il est encore utile de célébrer cette journée, lancée par l’ONU, il y a quinze ans.