Les téléspectateurs choisissent « le plus grand » parmi les Tchèques

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C'est dans l'hebdomadaire Respekt, considéré comme un périodique destiné à des lecteurs d'un certain niveau intellectuel, que nous allons puiser le thème pour ce résumé de la presse tchèque. Avant la proclamation des résultats d'une enquête télévisée qui, suivant le format original de la BBC, cherche le « plus grand parmi les Tchèques », un article paru dans ce journal situe ce « reality show » à succès dans un plus large contexte.

C'est ce vendredi soir que l'on saura qui est « le plus grand parmi les Tchèques ». Cent personnalités populaires plébiscitées par les téléspectateurs sont issues du premier tour de l'enquête. Leurs noms ont été rendus publics il y a quelques semaines. Depuis, la Télévision publique tchèque diffuse successivement les portraits consacrés aux dix premières personnalités. C'est à l'issue du deuxième tour du vote, actuellement en cours, que l'on connaîtra le nom du vainqueur.

« L'enquête sur le « plus grand Tchèque » peut être considérée comme un parcours assez intéressant à travers la mémoire de la société qui abandonne au fur et à mesure la culture littéraire qui a été la sienne pendant longtemps au profit de programmes de distraction et de clips télévisés, ainsi que des magazines à sensation », peut-on lire dans le journal Respekt.

L'auteur de l'article estime que le choix des dix personnalités tchèques qui se sont « qualifiées » pour la finale de l'enquête est loin d'être mauvais. Un avis qui est partagé par l'ensemble des commentaires, même par ceux dont les auteurs se déclarent assez irrités par l'idée même de ce genre d'enquête.

On rappellera que parmi les dix premiers, on trouve le premier Président tchécoslovaque, Tomas Garigue Masaryk, le roi Charles IV, Jan Hus, réformateur de l'Eglise brûlé vif à Constance, le grand comédien Jan Werich, le combattant hussite Jan Zizka, le célèbre écrivain de l'Entre-deux-guerres, Karel Capek, l'écrivain Bozena Nemcova, l'unique femme, et Vaclav Havel, l'unique être vivant figurant sur la liste, le compositeur Antonin Dvorak et le pédagogue Jan Amos Comenius.

Le choix étant satisfaisant, l'hebdomadaire Respekt estime tout de même que plus intéressant encore serait de s'interroger sur les noms qui ne figurent pas sur la liste des favoris des Tchèques et qui auraient le plein droit d'y être. On peut y lire :

« Les grands absents, ce sont notamment les protagonistes de notre histoire moderne. Il n'y a personne pour représenter les combattants contre le nazisme. En ce qui concerne les personnes s'étant opposées au régime communiste, seul Vaclav Havel a été honoré par le public. Compte tenu du fait que les événements de la Seconde Guerre mondiale sont si souvent évoqués dans le pays, l'absence des héros de guerre représente un phénomène remarquable. »

Où chercher une explication ? Selon le journal, ce sont les échos de la propagande communiste si longtemps semée dans les esprits des Tchèques qui y jouent un certain rôle. Si tout le monde est d'accord sur l'importance de Masaryk, les contours d'autres figures politiques aux yeux de la population sont moins nets.

« Les Tchèques ont du mal à s'orienter avec certitude dans leur histoire couvrant les soixante-dix dernières années. Voilà pourquoi ils préfèrent recourir, dans leurs préférences, à des matadors de périodes plus lointaines », conclut l'hebdomadaire Respekt.