Les Tchèques sont-ils xénophobes ?

Réfugiés, photo: CTK

La République tchèque, après l'ouverture de ses frontières et le retour de la démocratie dans le pays, est aussi devenue une terre d'asile. Elle accueille donc un assez grand nombre de réfugiés, qui ont été obligés de quitter leurs pays d'origine pour diverses raisons, persécution ou autres. Comment les Tchèques reçoivent-ils ces étrangers ? Quelle est leur approche ? Sont-ils xénophobes ou non ? Un sujet important que nous traiterons dans cette édition de la vie de chaque jour, en Tchéquie.

Réfugiés,  photo: CTK
En lisant la presse tchèque, qui publie de temps à autre des articles sur le sort des réfugiés ou des émigrés légaux ou non, en Tchéquie, on pourrait arriver à la conclusion que le Tchèque moyen n'aime pas les étrangers, qu'il est xénophobe. Ce lundi encore, le quotidien national, Mlada fronta Dnes, publiait un article, selon lequel les communes où se trouvent des camps de réfugiés demanderaient au ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, de prendre des mesures sévères envers les réfugiés. Il convient de voir, tout d'abord, ce qu'est, en réalité, un réfugié. Selon le droit international, le réfugié est une personne qui fuit son pays pour assurer sa sécurité. Le réfugié craint la persécussion pour des raisons raciales, religieuses, politiques ou de nationalité. Le gouvernement de son propre pays ne peut ou ne veut pas le protéger.

Beaucoup de personnes, et pas seulement en République tchèque, disent que le séjour des réfugiés coûte cher au contribuable. Quelle est donc la réalité en Tchéquie ? Une journée de séjour d'un réfugié coûte au budget de l'Etat : 58 couronnes pour les repas, 12 couronnes d'argent de poche (6 couronnes pour les enfants), 2 couronnes pour les produits d'hygiène, 28 couronnes pour les soins médicaux, 350 couronnes pour le logement dans le camp (y compris les salaires des employés). Pour avoir la somme en euros, comptez dans les 30 couronnes l'euro. Si j'ai bien compté, cela fait 15 euros par jour. Est-ce beaucoup ? Pour certains Tchèques oui, car ils reprochent beaucoup de choses aux réfugiés. Quelles sont les idées des habitants des communes qui abritent des camps de réfugiés sur ces derniers ?

Selon les habitants de ces communes, les réfugiés volent dans les magasins. Ils provoquent des bagarres, ils boivent trop, ils ne travaillent pas et errent dans les rues, ils occupent les bancs des parcs, ils font trop de bruit, ils se conduisent d'une drôle de manière. Ces idées sur les réfugiés ont été reccueillies, lors d'une enquête réalisée dans trois communes abritant des camps de réfugiés : Kostelec nad Orlici et Sec, en Bohême, et Zastavka u Brna, en Moravie. Selon une enquête nationale, réalisée en juin, la grande majorité des Tchèques considèrent les étrangers comme un problème important. Les trois-quarts pensent que les étrangers ne devraient séjourner dans le pays qu'à certaines conditions. La majorité, toujours selon cette enquête, pense que les étrangers désireux de vivre en Tchéquie devraient s'intégrer, au maximum, à la population autochtone. Les étrangers représentent un problème pour les Pragois, surtout, les habitants des grandes villes et ceux de la Bohême du nord-ouest.

Quelle est l'opinion, sur ce problème, d'une personne des plus intéressées : Jean-Claude Concolato, délégué au Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, en République tchèque ?

Resumé: Jean-Claude Concolato explique que les Tchèques ne sont pas aussi xénophobes qu'on pourrait le croire. Il donne les raisons d'un certains refus des étrangers de leur part.

Pour finir, disons aussi que les idées des Tchèques sur le nombre d'étrangers vivant en Tchéquie sont loin de répondre à la réalité. Le simple citoyen pense qu'ils sont dans les 150 000. Les statistiques du ministère de l'Intérieur avancent le chiffre de 220 000. La plus grande partie des étrangers vivant sur le territoire tchèque est représentée par les Slovaques, une nation très proche et qui ne pose aucun problème. Les Tchèques sont-ils donc xénophobes ou non ? Il semble qu'ils le sont bien moins qu'on ne le pense ou que le disent les médias, et que Jean-Claude Concolato ait raison.