Ester Ledecká, un doublé olympique et une marque bien exploités

Ester Ledecká, photo: ČTK/AP/Alessandro Trovati

Ester Ledecká devait participer ce mardi à Val Gardena à la descente comptant pour la Coupe du monde de ski alpin. Trois jours après sa victoire dans le slalom géant parallèle en Coupe du monde de snowboard, la Tchèque, double championne olympique en ski alpin et en snowboard aux Jeux de Pyeongchang en février dernier, reprenait donc son infernal programme. Et vainqueur du deuxième entraînement, lundi, dans la station des Dolomites, celle qui sera très probablement prochainement désignée Meilleure sportive tchèque de l’année, pouvait aborder la course avec le même appétit, et pas seulement sportif, que celui avec lequel elle a attaqué la nouvelle saison.

Ester Ledecká,  photo: ČTK/AP/Alessandro Trovati
« Je ne comprends absolument pas ce qui s’est passé aujourd’hui. J’ai l’impression de n’être encore qu’à moitié réveillée et de continuer à rêver », affirmait-elle le 17 février dernier, quelques minutes seulement après ce qui restera « La sensation Ester Ledecká », comme le titrait Radio Prague au surlendemain de sa victoire pour le moins inattendue dans le Super-G olympique (cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/la-sensation-ester-ledecka).

Pour un petit centième de seconde, au nez et à la barbe (façon de dire, hein) d’Autrichiennes que les gros pardessus du CIO s’apprêtaient déjà à féliciter et à l’issue d’une course improbable et renversante que pas même la Télévision tchèque n’avait jugé opportun de diffuser en direct, préférant ne pas interrompre la retransmission dans le même temps du match de poule de hockey sur glace entre la République tchèque et le Canada, la Pragoise était alors devenue la première Tchèque à remporter une médaille d’or dans une épreuve de ski alpin.

Une semaine plus tard, Ester Ledecká frappait plus fort encore et parachevait son œuvre en étant cette fois sacrée dans l’épreuve du géant parallèle en snowboard, réalisant ainsi un exploit unique en son genre : devenir la première femme à remporter deux médailles d’or dans deux sports différents lors de mêmes JO, que ceux-ci soient d’hiver ou d’été.

Ester Ledecká,  Nadya Ochner,  Ramona Hofmeister,  photo: ČTK/Action Press/Pierre Teyssot
Depuis, Ester Ledecká est devenue un phénomène. Sportif donc et aussi commercial. Même si sa cote de popularité dans son pays natal n’a pas encore atteint ce qu’était celle par exemple de la désormais ex-biathlète Gabriela Koukalová il y a encore un an seulement de cela, les téléspectateurs tchèques se sont habitués à voir apparaître la bouille forcément souriante de la nouvelle reine des neiges dans différents spots publicitaires pour – entre autres - Coca-Cola, le chocolat Milka, les montres de luxe Richard Mille ou encore les voitures Audi… Une poupée Barbie à son effigie – sans combinaison rose – est même désormais en vente dans les magasins de jouets, avis donc aux amateurs à l’approche des fêtes de Noël. Pourtant, comme l’a assuré elle-même la principale intéressée lors d’une conférence de presse de présaison à Prague en octobre dernier, cet intérêt démultiplié pour sa personne ne l’a pas empêchée de garder les pieds bien sur les skis et la tête sur les épaules :

« L’année écoulée a été merveilleuse. Sportivement, j’ai obtenu de très bons résultats et mes médailles olympiques ont confirmé tout cela. Mais il fallait digérer et assumer mon nouveau statut, et d’un point de vue médiatique et marketing, j’ai été bien aidé par l’agence qui s’occupe de mes intérêts. La priorité a donc toujours été donnée au sportif et je n’ai pas été débordée par les sollicitations. »

Ester Ledecká,  photo: ČTK/AP/Gian Ehrenzeller/Keystone
Pour cette nouvelle saison post-olympique, durant laquelle elle devra une fois encore jongler avec les calendriers, Ester Ledecká, dont les démêlés l’été dernier avec la Fédération tchèque de ski pour une affaire de contrat fédéral et d’intérêts financiers ont un temps fait dire aux médias tchèques qu’elle pourrait représenter un autre pays, mise de nouveau sur cette fameuse polyvalence qui la distingue des autres skieuses. Et si pour l’heure ses résultats en Coupe du monde de ski alpin restent très en-dessous des attentes liées à son nouveau statut, comme en témoigne sa 29e place à Val Gardena ce mardi, très loin de la vainqueur slovène Ilka Stuhec, elle occupe en revanche déjà, et comme les trois derniúres saisons, la tête du classement général de la Coupe du monde en snowboard après sa victoire à Cortina d’Ampezzo samedi dernier, succès qui faisait suite à un premier podium en ouverture de la compétition deux jours plus tôt. Ne serait-ce donc que sur la planche, la success-story de Ledecká continue donc pour l’heure de s’écrire - littérallement - en lettres d’or.