Foot – Synot Liga : Plzeň en route vers un nouveau titre ?

Photo : ČTK

Il reste certes encore une journée de Ligue Europa à disputer jeudi prochain, avec l’affiche décisive pour la qualification entre le Slovan Liberec et l’Olympique de Marseille notamment au programme, mais pour le reste, le football en République tchèque cette année, c’est fini. Première déjà de la phase retour et dernière avant la traditionnelle longue trêve hivernale, la 16e journée de la Synot Liga a été disputée le week-end écoulé. A l’issue de cette première moitié de saison, le Viktoria Plzeň reste le mieux engagé dans la course à la défense de son titre de champion. Le club de Bohême de l’Ouest, qui a battu tous les clubs du haut du tableau cet automne, dispose de trois points d’avance sur le Sparta Prague, qui sera une nouvelle fois son principal concurrent au printemps prochain.

Viktoria Plzeň,  photo : ČTK
En s’imposant (1-0) sur la pelouse de l’ambitieux Jablonec lundi dernier, Plzeň a été sacré champion d’automne en République tchèque pour la quatrième fois ces six dernières saisons. Depuis la conquête du premier titre de son histoire en 2011, le Viktoria s’est installé, à force de travail bien pensé et de régularité, au sommet de la hiérarchie du football tchèque. Et même si la campagne européenne, tant en phase préliminaire de la Ligue des champions qu’en Ligue Europa par la suite, aura été catastrophique et très éloignée des ambitions déclarées du club de Bohême de l’Ouest, celui-ci a confirmé néanmoins qu’il restait bien le numéro un à l’échelle nationale. Sans réaliser un parcours parfait avec un bilan avant la trêve de douze victoires pour deux résultats nuls et deux défaites en l’espace de seize journées, c’est bien Plzeň, qui a changé d’entraîneur en août, qui occupe la tête du classement de la Synot Liga. Pour autant, à l’issue du succès à Jablonec lors de la 15e journée, le milieu de terrain international Daniel Kolář assurait que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles en ont l’air :

Daniel Kolář,  photo : ČTK
« Lorsque nous avions été sacrés champions pour la première fois, nous avions fait une saison fantastique, je m’en souviens très bien. Mais je me souviens aussi que la défense du titre avait été deux fois plus difficile et… que nous n’étions finalement pas parvenus à le défendre. Etre donc sacrés une quatrième fois en l’espace de six saisons, et pour la première fois deux saisons d’affilée, serait donc quatre fois plus difficile en somme. Je pense que nous disposons d’une équipe suffisamment costaude pour y arriver. Mais avant cela, il nous reste encore quinze journées à disputer. »

Jean-David Beauguel  (à droite),  photo : ČTK

Et plus que quatorze désormais après le large succès (3-0) décroché dimanche à domicile contre un Dukla Prague où l’attaquant français Jean-David Beauguel figurait dans le onze de départ pour la premières fois depuis plusieurs semaines. Plzeň va donc passer les fêtes de fin d’année avec le costume de leader sur les épaules. Un costume qui lui sied plutôt bien puisque, à chaque fois que le Viktoria a figuré en tête du classement à la fin de la phase aller, il a ensuite été sacré champion au printemps (2011, 2013 et 2015). Et Daniel Kolář entend bien à ce qu’il en soit de même le 14 mai prochain au terme des 30 journées de Synot Liga :

Photo : ČTK
« J’entends dire et je lis tous les jours que nous n’avons plus suffisamment faim de succès. Mais je peux vous assurer que je ne connais pas un seul joueur dans le groupe qui veuille jouer autre chose que les premières places. Nous sommes plusieurs à savoir ce que cela représente et à avoir eu la chance de disputer la Ligue des champions. Nous avons donc envie de connaître de nouveau l’ambiance des grands matchs européens. C’est notre principale motivation, mais nous savons aussi que cela passe d’abord par le championnat. »

Avec trois points, Plzeň ne dispose que d’une faible marge d’avance sur son premier poursuivant, le Sparta. Mais il y a un an de cela, à la même période de la saison, avec un bilan comptable absolument identique, ce n’est qu’un petit point de plus que le Viktoria possédait sur les Pragois. Désormais rompus à la pression, les joueurs de Plzeň, dont plusieurs évoluent régulièrement avec les équipes nationales tchèque et slovaque, ont par ailleurs l’avantage de mieux maîtriser les matchs à enjeu que leurs principaux adversaires dans la course à titre. Que ce soit contre le Sparta (2-1), Mladá Boleslav (1-0), le Slovan Liberec (2-1) ou le Slavia Prague (2-1), le Viktoria a remporté les quatre rencontres qui l’ont opposé à ses quatre premiers poursuivants.

A mi-chemin de cette saison 2015-2016, c’est sans doute là la principale différence avec le Sparta. S’il est le seul club tchèque déjà assuré d’être encore présent sur la scène européenne au printemps prochain avant même la dernière journée de la phase de poules de la Ligue Europa jeudi, en revanche le club de la capitale est souvent à la peine dans les « gros matchs » de Synot Liga. Ainsi, depuis le début de saison, outre la cruelle défaite (2-3) subie à domicile contre le CSKA Moscou en match retour du 3e tour préliminaire de la Ligue des champions, les Pragois se sont inclinés à trois autres reprises en championnat, à chaque fois contre des équipes figurant dans le TOP 5. Après le revers toujours cuisant dans le derby contre le Slavia (0-1), le Sparta a été dominé également à Plzeň (1-2) et à Liberec (1-2), et ce toujours après avoir livré des prestations indignes d’un candidat au titre.

Baník - Sparta,  photo : ČTK
Heureusement pour eux, les Pragois, qui ont réalisé un sans-faute à domicile, répondent toujours présents dans les rencontres contre les autres formations plus faibles du championnat. Cela a été le cas lors des deux dernières journées, d’abord lors de la réception de Brno (2-1), puis lors du déplacement toujours périlleux à Ostrava dimanche. Mais contre un Baník lanterne rouge et déjà pratiquement condamné avec quatorze points de retard sur le premier non-relégable, les Pragois, particulièrement laborieux, ont souffert le martyre pour s’imposer sur la plus petite des marges (1-0), comme le reconnaissait leur entraîneur Zdeněk Ščasný :

« Nous avons joué sur un terrain très difficile aujourd’hui. Parfois, les joueurs avaient besoin de quatre à cinq touches de balle pour en avoir la maîtrise. La fatigue fait son effet également. Quoiqu’en disent les experts dans la presse ou les studios de télévision, nous avons déjà disputé près d’une trentaine de matchs depuis le début de saison, et nos internationaux encore plus. Certaines équipes en Synot Liga en disputent autant sur l’ensemble de l’année. Je ne suis pas là pour pleurer ou me plaindre, bien au contraire. Les faits sont là. Ce n’est pas toujours évident d’enchaîner les matchs tous les trois ou quatre jours, même si c’est ce que nous voulions et que nous sommes contents de figurer dans le haut du tableau en championnat et de faire bonne figure en coupes d’Europe, car ce sont les objectifs du club. »

Slovan Liberec - Slavia Prague,  photo : ČTK
Mais la Synot Liga ne s’est pas résumée cet automne et ne se résume pas à l’inévitable lutte Plzeň – Sparta. Derrière le duo qui domine le football tchèque ces dernières années, Mladá Boleslav, troisième avec la meilleure attaque, le Slovan Liberec, quatrième avec ses nouveaux internationaux David Pavelka et Josef Šural, ou encore le Slavia Prague, cinquième et qui renaît littéralement de ses cendres depuis l’arrivée dans son capital d’un important investisseur chinois, ont offert un spectacle plus attrayant qu’on ne pourrait le croire vu de l’extérieur, comme nous l’expliquait en fin de saison dernière Ondřej Trůnečka, le responsable de la rubrique sportive des quotidiens nationaux Mladá fronta Dnes et Lidové noviny:

Photo : John Hartley,  Free Images
« Evidemment, le championnat tchèque a ses problèmes comme parfois certaines ‘erreurs’ d’arbitrage ou d’autres affaires. Mais il ne faut pas être trop négatif : le nombre de buts augmente, un club comme Plzeň présente une moyenne de plus de 10 000 spectateurs sur l’ensemble de la saison, ce qui est très bien pour un club tchèque. C’est un championnat qui a aussi sa qualité sportive. La lutte pour le titre entre Plzeň et le Sparta est intéressante… Il faudra voir la saison prochaine quelles équipes parviendront à se qualifier pour les phases de groupes de la Ligue des champions et de la Ligue Europa pour avoir la confirmation de tout cela. »

Et effectivement, si le Slovan Liberec pouvait créer une petite surprise contre Marseille et rejoindre le Sparta en 16es de finale de la Ligue Europa, on pourrait dire que le football tchèque, avec ses moyens et sans que la situation soit parfaite, ne se porte finalement quand même pas si mal que cela.