Plus dure est la chute

Barbora Špotáková, photo: ČTK
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Même s’il n’a pas été aussi fructueux qu’on aurait pu l’espérer, le week-end sportif a été bien chargé. Les Mondiaux d’athlétisme se sont refermés sur un bilan très mitigé pour les Tchèques. Candidate au titre, Barbora Špotáková est passée à côté du concours du lancer de javelot. Aux championnats du monde de judo, Lukáš Krpálek a, lui, abandonné son titre de champion du monde dans la catégorie des moins de 100 kilos. Inversement, alors que démarre ce lundi l’US Open de tennis, dernier Grand Chelem de la saison, deux Tchèques, Petra Kvitová et Lucie Šafářová, se sont affrontées en finale du tournoi de New Haven avec une nouvelle victoire de la première à la clef.

Zuzana Hejnová,  photo: ČTK
C’est finalement avec la seule médaille d’or décrochée par Zuzana Hejnová sur 400 mètres haies que les Tchèques sont revenus des championnats du monde d’athlétisme, qui se sont achevés à Pékin. Dans un contexte toujours plus relevé et concurrentiel, il s’agit d’un bilan moins flatteur que celui des précédents Mondiaux à Moscou en 2013, qui avaient été marquées par trois médailles tchèques, dont deux d’or.

Très attendue, la dernière journée de compétition dimanche a été marquée par une des principales déceptions de la semaine. Pour la première fois depuis les championnats d’Europe en 2006, la lanceuse de javelot Barbora Špotáková repart d’une grande compétition internationale sans en être montée sur le podium. Auteure d’un lancer à 60,08 mètres, très loin de ses meilleures performances, la double championne olympique en titre a dû se contenter de la neuvième place d’un concours arraché par l'Allemande Kathrina Molitor avec un dernier essai à 67,69 mètres. Déçue mais pas abattue à sa sortie de la piste, la Tchèque ne s’est pas voilée la face pour expliquer son échec :

Barbora Špotáková,  photo: ČTK
« Il existe plusieurs raisons. La première est que ma saison dans l’ensemble a été plutôt moyenne. Malheureusement, je n’ai jamais été régulière techniquement. La deuxième est que j’étais très fatiguée après les qualifications et je me doutais bien qu’il ne fallait pas attendre de miracle aujourd’hui. Ce n’est pas la fin du monde pour autant. Cela ne sert à rien de pleurer, il faut relever la tête et déjà penser à la préparation de la saison prochaine pour améliorer ce qui doit l’être. Quand j’ai décidé, après la naissance de mon enfant, de revenir à la compétition, je l’ai fait en pensant aux Jeux de Rio qui sont mon principal objectif. Je voulais que cette saison soit un peu plus tranquille, et voilà à quoi cela aboutit. Mais ce n’est rien, la vie continue. »

Depuis la fin de la saison dernière, c’est seule, sans entraîneur, que Barbora Špotáková se prépare. Après plusieurs années fructueuses passées dans le groupe d’entraînement dirigé par l’exigeant Jan Železný, la maman de 34 ans a décidé de quitter l’ancien triple champion olympique, ne s’affirmant plus prête à faire tous les sacrifices que réclame la carrière d’une sportive de haut niveau, et notamment à passer deux mois l’hiver en stage en Afrique du Sud. Mais après sa contre-performance à Pékin, Barbora Špotáková reconnaissait qu’elle ne pouvait plus continuer de la sorte :

« Je dois tirer les conséquences de cette expérience qui a été un échec, il faut le reconnaître. Ce qui est certain, c’est qu’il faut que je change quelque chose. A vrai dire, j’ai déjà commencé à chercher un entraîneur pour la saison prochaine. Il y a plusieurs possibilités, y compris peut-être un entraîneur étranger. Mais cela ne veut pas dire que je regrette ma décision pour cette saison. J’ai voulu essayer, cela n’a pas marché comme je l’aurais voulu, mais j’ai quand même fait des bons résultats en Ligue de diamant. Et puis cela m’a permis de passer plus de temps avec ma famille et rien que pour cette raison, je suis sûre à 100% que cela valait le coup d’essayer. »

Après le toujours très prestigieux meeting de Zurich jeudi en Ligue de diamant, une compétition dans laquelle Barbora Špotáková figure malgré tout en tête du classement général et qu’elle pourrait donc de nouveau remporter, il faudra donc attendre la saison prochaine et l’échéance prioritaire des JO de Rio pour savoir si la Tchèque a pris les bonnes décisions sur l’orientation qu’elle souhaite donner à sa carrière.

Jaroslav Bába,  photo: ČTK
Parallèlement à la finale du lancer du javelot féminin s’est tenue également celle du saut en hauteur masculin, une finale mondiale à laquelle Jaroslav Bába participait pour la sixième fois consécutive. A Pékin, le Tchèque, dont la médaille de bronze olympique en 2004 reste le principal fait d’armes de sa carrière, a terminé à la septième place après avoir franchi une barre à 2,29 mètres, soit cinq centimètres de moins que le Canadien Derek Drouin, sacré en barrage.

Judo - Mondiaux : Lukáš Krpálek abandonne son titre

Lukáš Krpálek,  photo: ČTK
Autre sportif tchèque sans médaille le week-end écoulé, Lukáš Krpálek n’est pas parvenu à conserver sa couronne de champion du monde de judo dans la catégorie des moins de 100 kilos, où c’est le Japonais Ryunosuke Haga qui s’est imposé. D’abord battu en demi-finales par ippon par Karl-Richard Frey, le premier judoka tchèque de l’histoire propriétaire d’un titre mondial, également sacré champion d’Europe en 2013, a également été dominé dans le combat pour la médaille de bronze, cette fois par un autre Allemand, Dimitri Peters, mais toujours par ippon. Deux défaites particulièrement dures à encaisser pour un Lukáš Krpálek dont la préparation à cette saison a certes été compliquée par une opération à un genou mais qui, surtout, n’était plus habitué à finir bredouille une grande compétition, comme cela a été le cas lors de ces Mondiaux d’Astana :

« J’étais tout simplement dans un mauvais jour. Tous les combats ont été compliqués et je ne me sentais pas bien. Au premier tour déjà, je ne me suis qualifié qu’en prolongation contre un adversaire normalement largement dans mes cordes. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans tous mes combats, je me suis lancé dans des attaques inutiles. La pression était grande. Tout le monde attendait une médaille de moi. Ce n’est pas toujours évident à gérer. J’espère vraiment ne plus connaître de jour pareil. »

Finalement cinquième, Lukáš Krpálek, seul judoka tchèque en mesure actuellement de lutter pour les podiums, a ainsi confirmé que ces championnats du monde n’ont pas été une grande réussite pour l’Europe en général, puisque ses représentants ont quitté la capitale kazakhe avec vingt-deux médailles, dont seulement trois du plus beau des métaux, autour du cou.

Tennis – US Open : des raisons d’espérer pour les Tchèques, notamment chez les filles

Lucie Šafářová et Petra Kvitová,  photo: ČTK
Tomáš Berdych qui se maintient à son niveau et espère toujours gagner enfin un Grand Chelem, Petra Kvitová vainqueur samedi pour la deuxième année consécutive du tournoi de New Haven face à sa compatriote Lucie Šafářová, finaliste elle du dernier Roland-Garros, sans oublier Karolína Plíšková, troisième joueuse tchèque à figurer dans le Top 10 mondial : les raisons de suivre l’US Open qui s’ouvre ce lundi à New York sont nombreuses.

Comme la saison dernière et en 2012 déjà, c’est auréolée de son titre à New Haven et a priori donc dans les meilleures dispositions mentales que Petra Kvitová, de nouveau 4e mondiale depuis ce lundi, se présente à Flushing Meadow. Dans un tournoi qui lui réussit généralement peu, ses meilleurs résultats étant deux 8es de finale en 2009 et 2012, la Tchèque, remise de la mononucléose qui l’a tenue éloignée un mois et demi des courts au printemps, entend bien démontrer qu’elle peut bien faire aussi sur le béton américain. Avant cela, Petra Kvitová a donc battu Lucie Šafářová en finale de New Haven samedi en trois sets (6-7, 6-2, 6-2), signant ainsi sa septième victoire consécutive contre celle-ci et sa seizième contre une compatriote ! Face à ce bilan, difficile d’affirmer que Petra Kvitová, malgré les hauts et les bas qui caractérisent sa carrière, ne reste pas le meilleur espoir tchèque dans les Grands Chelems.