Le carnaval - Masopust (3e partie)

Photo: Hornické muzeum Příbram
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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Suite et fin de notre petite série consacrée aux traditions et rituels qui accompagnaient et accompagnent la célébration du carnaval - masopust, en République tchèque. Lors de notre dernière émission, nous étions ainsi remontés jusqu'au IXe siècle, lorsque les Slaves, ancêtres des Tchèques, qui peuplaient alors le royaume de Grande-Moravie, fêtaient notamment, selon des croyances païennes, le solstice d'hiver, moment qui symbolisait l'arrivée d'un nouveau soleil et avec lui de la nouvelle année. Une célébration qui en précédait d'autres, comme nous l'avions également découvert la semaine dernière, et qui se trouve être à l'origine de ce qui est devenu plus tard le carnaval comme nous le concevons désormais.

Les mascarades - maškarní průvody, c'est-à-dire ces défilés de masques où les participants sont déguisés et masqués, constituaient autrefois le quatrième élément de ce que l'on pourrait donc appeler le cercle des festivités servant à marquer ce moment si particulier qu'était le solstice d'hiver. A l'origine, la principale raison de la tenue de ces cortèges était l'effarouchement des démons et des mauvais esprits. Ces derniers étaient censés être un facteur à la fois de maladies, de mauvaises récoltes et de malheurs. Les masques portés représentaient donc souvent des animaux dont on croyait qu'ils possédaient des forces protectrices et magiques, comme l'ours, le cheval, le loup ou même l'aurochs, un boeuf sauvage de grande taille avec de grandes cornes, ancêtre des bovins domestiques qui vécut en Europe centrale jusqu'au Moyen Âge. Ces cortèges masqués représentaient ensuite la lutte victorieuse des forces du Bien avec les forces du Mal.

Mais la période du carnaval n'était pas seulement le temps des défilés dans les villages et des tournées joyeuses de maison en maison, mais aussi le temps des bals - ples, et autres réjouissances au cours desquelles la danse tenait une place importante. Il semble que les origines les plus anciennes de ces divers plaisirs et divertissement remontent à une époque où les membres des différentes corporations du village se rencontraient chaque début d'année. A cette occasion, les tonneliers, par exemple, dansaient avec des cerceaux en bois, tandis que l'on pouvait également apprécier, selon les professions, d'autres danses en groupe avec des couteaux ou des épées. Autre exemple d'attraction, les ouvriers et les maîtres bouchers lançaient en l'air un de leurs compagnons ou un jeune garçon qui se trouvait sur les lieux à l'aide d'une peau de vache tendue. On peut donc imaginer que dans ces conditions, l'atmosphère de fête et de joie devait être à son comble.

Reste que peu à peu, au fil du temps, les réjouissances des artisans ont laissé la place aux soirées dansantes des différentes associations culturelles ou éducatives, puis plus tard, même, des partis politiques et autres clubs en tout genre. Ces soirées dansantes se distinguaient, elles aussi, par leur ambiance festive, où le rire, le bon boire et le bon manger ne devaient pas manquer.

Enfin, le Mardi gras était essentiellement consacré aux mascarades et aux cortèges, journée au cours de laquelle on mangeait et, surtout, buvait plus que de raison, sans doute histoire de passer les quarante jours de jeûne qui s'ensuivaient avec la conscience tranquille. Enfin, à minuit, le veilleur de nuit soufflait dans sa corne et le maire du village invitait tout le monde à regagner son foyer dans le calme. « masopustní neděle », s'accompagnait d'un riche repas qui ne s'éternisait cependant pas afin que tout le monde puisse se rendre à l'auberge la plus proche et profitait de la musique qui y était jouée. Souvent, on y dansait même jusqu'aux petites heures du matin, tout comme le lundi, qui était également une journée passée aux sons de la musique dans une ambiance joyeuse et chaleureuse.

Désormais, même si le carnaval est encore célébré ici ou là, la plupart de ces traditions ont disparu. Reste que quelques expressions ont été conservées, comme celle-ci selon laquelle personne ne devrait se marier pendant les derniers jours du carnaval : « Na konci masopustu o "bláznivých dnech" se nemá nikdo ženit, jinak prý budou bláznit oba manželé » - « A la fin du carnaval, pendant les « folles journées », aucun homme ne devrait se marier, sinon il paraît que les deux époux deviendront fous ».

C'est donc sur ce bon conseil que se referme ce « Tchèque du bout de la langue » et notre série consacrée à l'histoire et aux origines du carnaval - masopust, en République tchèque. En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine pour l'étude d'un nouveau sujet, portez-vous du mieux possible - mějte se co nelíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !