Luhačovice, sera-t-elle le 13e représentant tchèque sur la liste du Patrimoine de l’UNESCO?

La maison Jurkovič, photo: CzechTourisme

Direction aujourd’hui la station thermale morave de Luhačovice, ville où aimait séjourner et composer Leoš Janáček, ville réputée pour ses dix-sept sources minérales, ville qui aspire à l’inscription sur la liste du patrimoine de l’UNESCO et qui, en janvier 2009, durant la présidence tchèque du Conseil européen, accueillira la réunion des ministres de l’Emploi et des Affaires sociales.

La station thermale de Luhačovice,  photo: CzechTourisme
La plus célèbre des dix-sept sources d’eau minérale de Luhačovice s’appelle Vincentka. Ses effets thérapeutiques sur les voies respiratoires, sous forme de boissons ou d’inhalation, sont connus depuis longtemps. Au milieu du XVIIe siècle, le comte Alois Serenyi, propriétaire du château de Lomnice près de Brno, a aménagé les premières sources à Luhačovice. Chaque heure, près de 15 000 litres d’eau minérale jaillissent du sous-sol. On écoute Jiří Dědek, porte-parole de la station thermale :

« Droit sur la place principale, à la colonnade, jaillit la fameuse Vincentka, l’une des premières sources découvertes et cultivées à Luhačovice. Pour ce qui est des autres les plus connues, comme Aloiska, Ottovka, la source du docteur Šťastný, Elektra – elles portent toutes les noms d’anciens propriétaires du domaine – Vincenc, Otto, Alois Serenyi. »

La maison Jurkovič,  photo: CzechTourisme
L’eau minérale Vincentka était servie à la cour de Vienne. On connaît ses effets bénéfiques sur l’appareil digestif, le diabète, les organes locomoteurs. Une gorgée de cette eau suffit pour couvrir les besoins quotidiens en iode. La réputation des sources de Luhačovice riches en matières minérales s’est vite répandue. En 1789, on a construit le premier établissement pour héberger les curistes. Un tournant s’est produit en 1902, avec la transformation des thermes en société par action. Le directeur František Veselý a fait venir à Luhačovice l’architecte slovaque, Dušan Jurkovič. L’édification d’établissements de cure et de bain modernes est aussi une historie de la recherche de l’idée de mutualité slave répandue au XIXe siècle. Luhačovice était un lieu privilégié des rencontres d’artistes, penseurs, compositeurs et écrivains tchèques, slovaques et d’autres nations slaves. Ainsi, le compositeur Leoš Janáček venait régulièrement dans cette station thermale à partir de 1904 pour soigner ses cordes vocales. Selon Jiří Dědek, le style de l’architecte Jurkovič, qui est un style typiquement slave, a déterminé d’une manière décisive le caractère de construction de la ville :

La maison Jurkovič,  photo: CzechTourisme
« Parmi les bâtiments les plus marquants qu’il a construits, mentionnons la maison Jurkovič qui se trouve sur la colonnade principale, ensuite l’hôtel Jestřebí, les bains Solaires tout à fait uniques à l’époque, puisque c’étaient des bains extérieurs. La création de Dušan Jurkovič a contribué à ce que la ville ait été retenue pour figurer sur la prestigieuse liste de l’UNESCO. La valeur de Luhačovice tient au fait que sur une surface relativement restreinte, les établissements qui s’y trouvent créent un ensemble architectural précieux et sont une illustration de l’évolution du thermalisme au début du XXe siècle. »

Pustevny
Le style art nouveau populaire de Jurkovič est documenté par plusieurs maisons en bois, dont l’une au centre de Luhačovice était habité par l’architecte lui-même, d’autres sont à voir dans le complexe de Pustevny, au sommet des Beskides.

La candidature de la ville de Luhačovice à l’inscription sur la liste de l’UNESCO a été déposée en février 2006 à Paris. Le processus d’examen par ses experts a été terminé en septembre dernier et au début de juillet prochain, le comité de l’UNESCO pourrait prononcer son verdict, précise Michal Beneš du ministère de la Culture, qui ajoute par quoi Luhačovice est-elle exceptionnelle :

« Par son architecture, Luhačovice diffère diamétralement de la plupart des stations thermales d’Europe centrale et de l’ouest, car la ville n’a jamais succombé à la vague d’historicisme ou d’éclectisme comme c’était le cas par ex. de Wiesbaden, de Mariánské Lázně ou de Karlovy Vary. L’architecture spécifique de Luhačovice est le résultat d’un style très personnel de Dušan Jurkovič dans lequel l’inspiration par la création populaire se mélange aux idées du mouvement anglais Arts et Artisans – un mouvement qui peut être considéré comme l’initiateur de l’Art nouveau. Jurkovič emprunte très souvent ce style sans toutefois plonger dans le folklorisme. En ce sens, Luhačovice a une valeur architectonique exceptionnelle. A plus forte raison que la forme dépend du programme. Car le programme de Jurkovič était de créer une ville thermale slave mondialement connue, une analogie slave de Karlovy Vary, à l’époque une station thermale allemande. Ce qui explique les inspirations par l’architecture populaire slave. De ce point de vue, Luhačovice présente une rareté. Le style de Jurkovič se marie très bien avec les styles architecturaux plus récents, dont notamment le style fonctionnaliste et constructiviste de haute qualité. »

La station thermale de Luhacovice est entourée de forêts et de la chaîne des Carpates blanches. Les possibilités de repos actifs y sont nombreuses : promenades à pied et à vélo, golf, tennis, baignade, randonnées à cheval, pêche. La vie culturelle est tout aussi riche : 50 concerts à ciel ouvert sont programmés pour les mois d’été, la ville possède un théâtre et un festival de musique qui y a lieu tous les ans, au mois de juillet, est dédié à Leoš Janáček car c’est à Luhačovice qu’il a créé la célèbre Messe glagolitique, où il a situé son opéra Le Destin et où il a cherché de l’inspiration pour son opéra La Petite Renarde rusée.

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