1968

Photo: Josef KoudelkaPhoto: Josef Koudelka 1968 est une année clé dans le monde entier. Pour les Tchèques, elle a été une année d’espoir, puis de violente désillusion. « Le socialisme à visage humain » voulu par le leader communiste réformateur Alexander Dubček connaît un coup d’arrêt brutal les 20 et 21 août 1968 lorsque les troupes du Pacte de Varsovie envahissent le pays. Spontanément, Tchèques et Slovaques sortent dans les rues, manifestent leur soutien à la politique de démocratisation du Printemps de Prague, s’acharnent à parlementer avec les soldats soviétiques perchés sur leur tanks, qui souvent ne savent même pas où ils se trouvent et pourquoi.

La résistance passive est le mot d’ordre dans la population tchécoslovaque. Pourtant, 108 personnes trouvent la mort et 500 autres sont grièvement blessées des suites de l’invasion soviétique. Notamment autour du bâtiment de la Radio tchécoslovaque qui est l’objet de tous les enjeux : symbole de la liberté d’expression retrouvée pendant l’éphémère Printemps du renouveau, elle continue d’émettre jusqu’à ce qu’elle soit prise par les soldats soviétiques, non sans faire de victimes chez les employés de la radio.

Jusqu’aux Accords de Moscou signés sept jours après l’invasion, qui entérinent une capitulation qui ne dit pas encore son nom, la population tchécoslovaque est plus que jamais soudée derrière ses dirigeants. Il faudra encore attendre quelques mois, jusqu’au départ d’Alexander Dubček du pouvoir, pour que la population prenne toute la mesure des conséquences. Le sacrifice du jeune étudiant Jan Palach, qui s’immole en janvier 1969, sur la place Venceslas à Prague, resoude les citoyens, le temps du choc et du deuil.

Mais le processus de « normalisation » est déjà enclanché, inaugurant le retour en force des apparatchiks et la mise à l’écart de tous les potentiels trouble-fêtes.

 

L'exposition intitulée « 1968 : ...et les chars sont arrivés » a été inaugurée au Musée national, en haut de la place Venceslas à Prague, devant le bâtiment duquel un char russe a notamment été installé. De multiples documents photographiques et écrits rappellent également les événements qui ont précédé août 1968, le déroulement de l'occupation de la capitale tchèque ainsi que les conséquences que l'intervention militaire a eues ensuite sur la vie des Tchèques et des Slovaques.

Les photos de Josef Koudelka ont fait le tour du monde et sont devenues le symbole de l'invasion soviétique de Prague en 1968. En à peine une semaine, il a réalisé des milliers de clichés dont, aujourd'hui, 249 sont publiés dans un ouvrage "Invasion 68: Prague" paru en tchèque, français et anglais. Parmi ses photos, de nombreuses inédites qui plongent le lecteur dans l'atmosphère unique de l'époque.

 

Archives sonores

  • Emission de Radio Prague en français le 25 août 1968
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  • Emission de France Inter du 22 août 1968 avec reportage à la frontière
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  • Emission de France Inter du 24 août 1968 avec reportage sur la Place Venceslas
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  • Emission de France Inter du 25 août 1968 avec extraits Radio Prague
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